"The Strange Thing About the Johnsons" débute sans tourner autour du pot, on entre directement dans le vif du sujet et d’emblée, il y a quelque chose qui ne va pas. Le malaise s'installe instantanément et c’est justement l’un des points forts du court métrage selon moi : on assiste à une dynamique qui dérange, non seulement par sa nature, mais aussi par la relation de pouvoir inédite qui est dépeinte. Les paradoxes se multiplient : un fils abusant de son père, de la violence dans un cocon qui devrait pourtant être un havre de paix...

Car c'est bien la vision que la famille essaie d'entretenir aux yeux de tous: le fils à tout de même sa propre femme, et la réalité ne peut être entrevue que lorsque les invités sont partis, quand il ne sert plus à rien de sauver les apparences. Tout est fait pour donner l'image de la famille américaine "parfaite", et les dialogues, souvent superficiels, semblent calculés au mot près.

Néanmoins, même la religion ne suffira pas à percer à jour les lourds secrets d'une famille obnubilé par le regard d'autrui, regard qui persiste même en son absence. Le projet d'écriture semble en réalité être un SOS lancé dans le vide, vide paradoxal puisque celle qui se doit d'être la compagne, la partenaire d'une victime esseulée ignore activement la détresse de son époux : le cri de désespoir ne restera donc qu'un écho, et ne recevra jamais de réponse.

Enfin, ce court-métrage remet également en question la perception commune de ce à quoi ressemble une situation de violence intra-familiale : tout le monde peut en être victime, et la dynamique de violence échappe parfois à ce qui peut sembler logique. Ce sont les non-dits qui imposent de faire silence, qui recouvre les cris ignorés des victimes, comme un poste de télé qui jouerait bien trop fort pour qu’on entende un bruit chargé de sens, qu'on aimerait pouvoir effacer de sa conscience.


La religion, la force des liens familiaux, l’innocence de l'amour filial sont des notions hautement estimées, parfois sacralisées au point de ne jamais être remises en question, et "The Strange Thing About the Johnsons" encourage le spectateur à garder l'œil ouvert : parfois les secrets les plus sombres sont enfouis exactement aux endroits où l'on s’y attend le moins.

lrnth
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le 18 févr. 2024

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