The Suckling sorti directement pour le marché de la vidéo en 1990 reste le seul et unique film de Francis Teri dont il signe également le scénario. Le film quasiment invisible depuis plus de vingt ans est remis en lumière par le site de streaming Shadowz qui permet de redécouvrir ce petit bis crapoteux mais au final très décevant.
The Suckling nous raconte l’histoire d'une jeune femme venue se faire avorter clandestinement dans l’arrière boutique d'un bordel. Son fœtus jeté dans les toilettes se retrouve dans les égouts au contact de matière chimiques et devient un monstre qui revient s'attaquer à l'ensemble des personnages.
Le film de Francis Teri s'appuie donc sur un concept assez trash et de fort mauvais goût et d'ailleurs le début du film est relativement glauque dans son mélange bancal et donc perturbant d'humour noir et d'horreur. Impossible de ne pas trouver un rien inconfortable cette image de fœtus encore sanguinolent balancé dans des chiottes avant que la faiseuse d'anges et accessoirement mère maquerelle ne raccroche sa blouse ensanglanté à un cintre couvert de morceaux de chairs flasques. Les dix, quinze premières minutes du film sont assez séduisante et totalement foutraque avec séquences oniriques d'infirmières les miches à l'air traînant une hache ensanglantée dans un couloir d’hôpital, avortement glauque et un client de bordel se faisant examiner la prostate avec une casquette à hélice sur la tête … Alors oui tout n'est pas d'un grand raffinement mais l’ambiance entre Troma, Frank Henenlotter et série Z fonctionne relativement bien. Malheureusement la suite sera très loin de tenir ses promesses et The Suckling va s'enfermer dans une mécanique de huis clos plongeant un dizaine de personnages bien peu attachants aux prises avec une créature qui n'aura plus grand chose à voir avec un résidu de fausse couche. La folie , l'étrangeté et l'aspect trash du film s'estompe donc assez vite pour retomber dans les travers d'une série B fauchée à l'interprétation limité et aux péripéties poussives.
La promesse de l'avorton meurtrier et vengeur s'estompe finalement très vite laissant la place à une créature tentaculaire passant par les canalisations, puis une gros monstre qui certes à de la gueule mais qui bien loin de la proposition crapoteuse du début. Exception faites de deux trois effets gore bricolés qui fonctionnent au registre de la série Z, le film va même s'avérer être hyper décevant au niveau horrifique en ne proposant rien qui soit à la mesure de son concept. L'identité de l'unique survivante du massacre étant révélée dès les premiers instants du film, on attend donc patiemment que l'intégralité des personnages passent l'arme à gauche pour arriver un peu péniblement au générique de fin (lequel balance une séquence gore totalement hors sujet et complément gratuite). Alors que j’étais prêt à suivre le film y compris dans ses délires le plus limites et scabreux, on se retrouve à bailler devant un film pas vraiment drôle, pas follement gore, pas complètement Z et jamais prenant en matière d'enjeux ou de tension, en gros on s’ennuie aussi fermement que dans une salle d’attente d'un cabinet médical à devoir feuilleter des vieux Figaro Madame. Plans flous, manque de rythme, flingue qui ressemble à un pistolet à amorces, dialogues faiblards ; les innombrables défauts du film ne se retrouvent pas suffisamment noyés dans une folie horrifique pour ne pas nous sauter cruellement au yeux et faire de The Suckling un film globalement raté.
Promesse avortée d'horreur combinant le malaise à la folie gore, The Suckling ne fait illusion que lors de son premier quart d'heure pour ensuite retomber dans les pires travers d'un bis fauché et sans imagination.