The Taqwacores va non seulement à contre-courant mais pose aussi des questions fondamentales

Si le punk musulman existe depuis le début des années 80, il aura fallu attendre le livre de l’Américain Michael Muhammad Knight pour le faire connaître en 2003. The Taqwacores est donc l’adaptation cinématographique du livre du même nom, sorti sept ans plus tard. Si l’aspiration du film semble claire, c’est-à-dire démontrer l’existence d’un courant punk musulman aux Etats-Unis et la difficulté d’appartenir à cette mouvance, il revêt bien d’autres surprises et questionnements. Car l’œuvre et ses protagonistes ne sont pas rebelles gratuitement, même si la violence affichée dans le film semble parfois démesurée. Elle n’est que la conséquence d’une remise en question brutale mais peut-être fondamentale de ce qu’est l’islam. La force du film est qu’il évite l’écueil d’aller dans le sens où tous les films vont quand ils abordent le sujet religieux. The Taqwacores va non seulement à contre-courant mais pose aussi des questions fondamentales : peut-on adhérer à seulement une partie du Coran, c’est-à-dire ne pas prendre tout ce qui y est écrit pour argent comptant mais exercer son esprit critique pour finalement « bâtir » sa propre foi ? Peut-on renverser les symboles religieux et les utiliser à sa convenance ? Le film n’apporte pas de réponses tranchées et n’a pas la prétention d’en apporter mais, à travers quelques dialogues et une mise en scène assez réalistes, il parvient à suggérer des pistes de réflexion. Et au final, c’est tout ce que l’on demande à ce genre de films : apporter des idées pour nourrir notre réflexion sur un sujet qui gagnerait à être connu et traité davantage.
Extrait de notre critique sur notre blog Los Indiscretos : https://losindiscretos.org/2016/12/30/the-taqwacores-2010-eyad-zahra/