Toujours la même bêtise en face.

*Je reprends en grande partie un message que j'ai fait sur un autre site en 2024 et qui parle de ce documentaire mais qui vaut aussi comme critique.*

Soutiens aux Trans, LGBT, féministes !

C’est un petit message mais un grand soutien, je l’espère. Je ne sais pas si j’ai toujours été clair sur la transidentité par ignorance ou parce que je ne suis pas concerné mais je me suis réveillé peu à peu au contact de mon entourage devant des propos que je n’aurais pas acceptés pour les homos. Et par des « gens de gauche » parfois. La réaction à l’altérité est partout, ça n’en fait pas forcément de mauvaises personnes mais ce qui circule est insidieusement violent.

Après 10 ans de mariage homo, baignant dans une vie « normale », certaines préoccupations sont passées un peu en sommeil. Mais quand même, en entendant ceci ou cela, j’ai commencé à me dire que c’est ce qu’on entendait « de mon temps ». Toujours le même discours de « fin de civilisation » au moment :

• de la dépénalisation de l’homosexualité ;
• des années sida ;
• du PACS ;
• du mariage pour tous.

Avec TOUJOURS les mêmes fantasmes « ça va être la fin de la société/humanité », « pas à l’école », « on s’en prend aux enfants », « ils/elles exagèrent tout de même », « y’en a trop », « c’est une mode », « c'est pas naturel / ce sont des animaux »… Comme ces dernières années, la fameuse tirade de Boutin sur les gays au cinéma. Rajoutez quelques comparaisons absurdes avec les animaux, tout en stigmatisant les homosexuels de tout ce que les hétéros font très bien par ailleurs (alcool, drogue, pédophilie, maltraitance, irresponsabilité, instabilité…). On peut prendre l’ensemble des tirades de Christian Vanneste comme bingo homophobe ! Ceci dit, j’ai l’impression que les débats étaient plus calmes et civilisés lors des premiers combats et que chaque gain en visibilité a augmenté la crispation des plus réactionnaires. Comme j’étais enfant pour la dépénalisation, j’idéalise peut-être… En tous cas, c'est au tour des "wokes" de s’en prendre plein les dents.

Il y a quelques temps, nous avons vu le film « The Times Of Harvey Milk » de Rob Epstein. Un réalisateur de documentaires autour des questions LGBT dont je recommande aussi le « Paragraphe 175 »*, sorte de « Nuit et brouillard » des homos, ainsi que le plus amusant « Celluloïd Closet » malgré une paire d’inexactitudes (non le premier film de l’histoire du cinéma n’est pas gay, ce sont juste deux mecs qui dansent (mais je digresse)). Ce film peut être un outil pour tous les militants de toutes les minorités. Je le conseille donc à toustes !

Harvey Milk, premier élu ouvertement gay des USA finira assassiné pour cette même raison ainsi que le maire de San Francisco. Je vous préviens, ce n’est pas drôle mais c’est quand même génial et extrêmement porteur. Tout ce que je viens de vous dire s’y retrouve, il y a plus de 40 ans déjà. Les mêmes débats, les mêmes causes, les mêmes mots. La très belle intuition que les communautés doivent se protéger les unes les autres. Je ne veux pas trop vous spolier le film, faites vous votre avis, mais j’ai eu l’impression de voir à l’échelle d’une ville ce qu’il est advenu à l’échelle planétaire. Vous avez le premier masculiniste de l’histoire, un cas d’école qui pourrait être mis à un programme d’éducation. Évidemment, ce sera le tueur. Très intéressant de voir sa psychologie. On peut même comprendre ce gros bébé qui voit une société qui lui donnait la première place par défaut, s’ouvrir à toustes et l’impossibilité qu’il a à s’y résoudre. La masculinité qui manque de confiance en elle !

Regardez comme il est beau Harvey, beau dans sa lutte, son énergie, ses idées. Pensez que vous n’êtes pas seul-e-s. Que quelqu’un s’est battu aussi pour vous quelque part à un autre temps, dans un autre lieu. Les suffragettes, les militants d’Act Up des 90s, Coccinelle, Harvey Milk, Rupert Everett, en se battant ou en osant s’afficher pour ce qu’iels étaient. Prenez ça comme une couverture, voire une armure. Sachez que vous êtes légitimes dans vos sentiments, votre combat, votre vie, vos recherches de droits. Ne vous laissez pas faire.

Je viens des années sida et je connais plus de suicidés que de morts de la maladie (peu au final - je ne parle que des intimes - et bien trop à la fois). C’est une torture de ne pas l’avoir vu venir et de ne pas avoir su quoi dire ou faire. Chacun méritait de vivre. Je sais très bien ce que le regard social peut faire même quand on a décidé de s’en foutre, mais on ne peut pas les laisser gagner. Vraiment, ne vous laissez pas miner. S’il est toxique, changez d’environnement si possible ou cherchez de l’aide. Avant on partait dans une plus grande ville, un autre pays et on s’y faisait une vie. Ce n’était pas forcément désiré mais c’était salvateur (certains arrivaient aussi à se faire accepter dans leur petite ville de province ou village). Trouvez des moyens parce qu’il y a aussi dans ce monde des gens qui vous aiment et attendent de vous rencontrer. Et s’il y a des gens qui vous haïssent sans vous connaître, il y a aussi des gens qui vous aiment sans vous connaître.

Dans tous les cas, ne doutez pas que vous méritez d’être.

* Sur la déportation homosexuelle, certains livres sont un bon complément à « Paragraphe 175 » tels que « Les oubliés de la mémoire » de Jean Le Bitoux. Il y a au moins trois autres livres de témoignages qui sont intéressants mais celui-ci est le plus édifiant.

Vu 1 fois (et très envie de le revoir)

10/10

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