The Truman Show par Julie Splack
Avec The Truman Show, Peter Weir nous embarque dans un concept totalement original, à la fois touchant, drôle et révoltant. Le long-métrage fait ouvertement office de critique envers la télé-réalité contemporaine, stupide et abrutissante. Il faut dire qu'en voyant ce qui peut passer à la télé, il faut croire qu'on en est malheureusement pas si loin qu'ça. C'est un véritable écœurement de voir la vie de cet homme totalement contrôlée, surveillée et orchestrée à son insu, pour le plaisir voyeur de milliers de téléspectateurs le suivant depuis sa naissance. Et le succès est au rendez-vous, le personnage de Truman touchant le public car il ne joue jamais la comédie, tout sonnant juste dans ses gestes et paroles. Une véritable star qui ignore totalement que sa vie n'est qu'une espèce de mise en scène, régis par un seul homme, que l'on pourrait assimiler au tout-puissant puisqu'il est le créateur et le chef d'orchestre de ce qu'il considère comme une formidable expérience.
Une vie tristement paisible, Truman ne sortant jamais de l'immense studio créé pour l'occasion, dissimulant un très grand nombre de caméras cachés, réunissant des tas d'acteurs et de figurants. Des journées identiques, des habitants toujours extrêmement polis, des rues impeccables, une petite maisonnette charmante et une gentille femme font de la vie de Truman une existence artificielle, l'étouffant peu à peu. Le plus révoltant est de voir jusqu'à où on peut aller pour assurer le show et pour décourager Truman de voir ce qu'est la vie hors de cette île. Pour cela, on n'hésite pas à traumatiser un enfant, à jouer avec ses sentiments, à le séparer de son premier amour...
La vie de Truman est également régis par la publicité, ses proches s'exprimant parfois à lui comme s'ils étaient dans un spot publicitaire. Tout est bon pour faire de l'argent, c'est bien connu. Quand Truman commence à se poser de plus en plus de questions sur tout ce qui l'entoure, (sans pour autant en imaginer toute son ampleur), il parvient à prendre progressivement conscience que cette vie ne lui convient finalement plus, enfin déterminé à voir ce que le monde lui réserve ailleurs. Pourtant, bouleverser son quotidien du tout au tout n'est pas chose aisée, mais Truman puise sa force dans le souvenir tenace de celle dont il est tombé amoureux des années auparavant et qu'il rêve de rejoindre. Effrayant de voir où les producteurs sont capables d'aller pour le retenir à tout prix et sauver le programme, jusqu'à même prendre le risque de mettre sa vie en danger. Mais ce que le film nous apprend, c'est qu'on ne peut avoir le contrôle total sur un individu, sur ses sentiments, ses rêves et ses besoins. Enfermer un homme dans une prison dorée ne le rendra pas forcément heureux.
Jim Carrey est une fois de plus génial, prouvant qu'il n'est pas que le comique de service aux innombrables grimaces connus de tous. Le dénouement final est vraiment superbe, mettant en opposition ce système confortable, contrôlé et sécurisé, au monde véritable et son libre arbitre, mais avec tous les problèmes qu'il implique. Un véritable hymne à la liberté, car bien qu'elle ne rend pas l'existence toujours simple et aisée, elle nous offre un besoin fondamental: celui d'être seul maître de notre propre destinée. Voilà un long-métrage qui ne manque pas d'intelligence et de qualités, à ne pas manquer.