Rien de mieux qu'une bonne série Z bien barré de temps en temps pour se remettre les idées en place et retrouver ce plaisir presque enfantin de se faire raconter des histoires construites avec trois bouts de ficelle, de l'imagination, de l'humour et de la générosité. Si je ne suis pas forcément très réceptif à ses films préfabriqués avec cynisme aux kilomètres pour être Z, en revanche j'adore toujours ces petits délires de cinéastes quasiment amateurs et bien perchés qui célèbrent la magie du bis et du cinéma peu importe les moyens dont ils disposent. Avec The VelociPastor le réalisateur Brendan Steere s'amuse avec un vrai sens du décalage et de la rupture comique à revisiter quelques joyeux recoins du cinéma bis.
Le film raconte l'histoire d'un prêtre qui après la mort tragique de ses parents dans une terrible explosion décide de partir se ressourcer en Chine. Là bas il se retrouve victime d'une malédiction qui le transforme parfois en un terrifiant et meurtrier dinosaure . Revenu chez lui le prêtre rencontre une prostituée avec laquelle il décide d'user des ses pouvoirs pour combattre le crime et une mystérieuse organisation de ninjas...
Des explosions, des dinosaures, des transformations, des combats, des scènes de guerre, des ninjas, de l'exotisme avec des séquences en Chine, de la romance, de la violence, du fantastique .... The VelociPastor vous propose bel et bien tout ça en un seul film d'à peine 75 minutes mais en version low cost et bricolage. Dès le pré-générique et la formidable séquence de l'explosion de voiture (que je me garderai bien de vous décrire ici) j'ai compris que j'allais aimer ce film et qu'il allait me faire plaisir. Le cinéma c'est un peu l'art de l'imaginaire et avec VelociPastor votre imaginaire va être souvent mis à contribution. Un sous bois une incrustation Chine et comme par magie vous voilà transporté en Asie; le même sous bois trois costumes de soldats en baskets avec des casques trop petit et vous voilà en plein cœur de la guerre du Vietnam dans une reconstitution sidérante au point qu'on sentirait presque le napalm, une pauvre tête de mannequin grossièrement grimé de sourcils et d'une moustache de farces et attrapes et on jurerait presque que c'est bel et bien la tête d'un méchant qui vient d'être arrachée, oubliez les effets numériques de Jurassic Park un type engoncé dans un costume de dinosaure moisi fait tout aussi bien illusion... L'important c'est de vouloir y croire et croire c'est toujours un petit peu retomber en enfance.
Bien sûr The VelociPastor est volontairement et délibérément mauvais ce qui en atténue grandement l'aspect charmant et poétique des véritables nanars, mais Brendan Steere a l'intelligence de jouer aussi sur une forme de premier degré en racontant avec un certain aplomb son histoire de prêtre dinosaure et de ninjas semblant sortir d'un vieux film de Godfrey Ho. Si les méchants en font trois tonnes semblant parfois faire des concours de rires diaboliques en revanche les deux personnages principaux que sont le prêtre et la prostituée qui l'accompagne son traités de manière assez classique et servis par un jeu d'acteur tout à fait correct. The VelociPastor reste du grand n'importe quoi qui ne se prend pas au sérieux mais ce n'est pas fait n'importe comment non plus.
Alors oui on pourrait débattre sur l'intérêt de regarder un mauvais film volontairement fait pour l'être et le rester, mais niveau plaisir The VelociPastor fait son boulot de pur divertissement et en cela le film reste une réussite dans son registre.