"We're all somebody's bitch, even you soldier"

Un jeune soldat anglais de retour d’Afghanistan est engagé de manière officieuse par une agence supposée gouvernementale afin de repérer de possibles terroristes sur le sol britannique. Mais alors qu’il avance dans sa mission, il commence à découvrir des liens troublants entre la façon dont les services secrets mènent la guerre contre la drogue et dont ils combattent le terrorisme...

Il se confrontera aussi aux petits arrangements entre les gouvernements des grands pays leaders, aux groupuscules et organisations terroristes et aux différentes mafias internationales ou pègres locales.

Et il s’avérera que - dans ce jeux de dupes - les apparences sont parfois trompeuses et les règles plus flexibles et troublées que par le passé...

Sur les affiches anglaises et allemande, comme sur la jaquette du DVD, le film est comparé à trois références cinématographiques fort trompeuses: Wanted, Taxi Driver et Les Fils de l'homme... Or je ne vois aucun lien entre The Veteran et ses trois films, ni dans le récit, ni dans le fond, ni encore moins dans la forme.

Et le quidam qui achèterait le film en comptant y retrouver un film d'action sous EPO, un chef d’œuvre de l'anticipation ou les qualités de mise en scène et d'interprétation du mythique film de Scorsese sera sans doute fort désappointé devant cette œuvre plus qu'honorable mais qui semble ne pas vouloir se vendre au public plus cinéphile et féru de géo-politique auquel elle se destine pourtant bien davantage.

En effet, The Veteran, malgré quelques scènes musclées et son lot de fusillades, est très loin d'être un film d'action. C'est un film au suspense plus subtil, s'inscrivant davantage dans la lenteur de cette descente aux enfers d'un "héros" de guerre pris entre deux feux et s'apercevant peu à peu que chacun de nous doit se tenir dans le rôle qui lui est attribué.
Sa loyauté et ses idéaux risquent fort d'en souffrir à mesure qu'il découvre que chacun n'est qu'un pion dansces jeux dangereux.
Comme le dit le cynique caïd local : " We're all somebody's bitch, even you soldier"

Le film n'a rien à voir avec le cinéma d'anticipation non plus et s'il fallait le rapprocher à tous prix d'un genre, ce serait davantage à celui de l'espionnage et plutôt dans la veine complexe et passionnante de La Taupe que dans une énième version d'un espion super-héros à la Bond.

L'intrigue est d'ailleurs tout aussi complexe que celle du récent et magnifique Tinker, Tailor, Soldier, Spy, même si la mise en scène ici est plus "naturaliste" et le rythme plus soutenu.
Et il faut bien avouer que l'on a bien du mal parfois à comprendre tous les tenants et aboutissants de l'affaire, d'autant que divers niveaux de récit se mêlent (guérilla locale avec les trafiquants de drogue et autres business, les mafias de l'Est qui encadrent tout ça, la CIA, l'ISI (Inter-Services Intelligence, services secrets pakistanais), les talibans, les groupuscules terroristes, la guerre en Irak et en Afghanistan, les responsabilité et/ou complicités gouvernementales, le blanchiment d'argent...etc...

Tout ça se recoupant et s'entremêlant de manière tout à fait passionnante mais parfois assez obscure, alors que le film ne distille les informations qu'au compte goutte.

Le résultat est absolument captivant et énonce des vérités politiquement peu connues et tout à fait glaçantes sur le monde dans lequel nous vivons dans lequel on continue d'amasser de l'argent pendant les derniers temps d'un monde au bord de l'explosion.

Le scénario de Matthew Hope et Robert Henry Craft - malgré sa complexité - demeure tout à fait cohérent et accessible et il est sans doute pour beaucoup dans l'incontestable réussite du film, bien davantage que la seule mise en scène, appliquée et honnête mais sans génie (contrairement à La Taupe) de Matthew Hope (The Vanguard) et à une direction d'acteur laissant parfois à désirer.

Le film nous apprend également beaucoup sur le traumatisme de guerre sans s'y appesantir (Il ne s'appesantit d'ailleurs jamais sur rien) et sur la géo-politique et le terrorisme en évitant de surcharger son récit par trop d'explication.
Il suffit alors de se laisser porter par lui et accepter parfois d'y être perdu... en attendant parfois des éclaircissements ultérieurs ou un mystère restant entier et invitant le spectateur à mieux s'informer.

The Veteran est donc un film exigeant mais passionnant, qui ne sous estime jamais l'intelligence ou l'intuition de son spectateur, ce qui - de nos jours - n'est pas la moindre des qualités.
Foxart
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le 12 août 2014

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