Magie noire
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le 8 oct. 2015
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Reconnu comme le père du cinéma gore, Herschell Gordon Lewis reste surtout célèbre pour Blood Feast sorti en 1963 et 2000 Maniacs qui sortira un an plus tard. La diffusion de ses autres films comme Color me Blood Red (1965), A Taste of Blood (1967) ou The Gore Gore Girl (1972) restent bien plus rares et confidentiels en France C'est le cas également de The Wizard of Gore de 1970 un petit film dans lequel le réalisateur explore l'illusion de tours de magie sanguinolents tout en célébrant en parallèle la grande illusion du cinéma d'horreur.
The Wizard of Gore c'est donc l'histoire de Montag le magnifique, un illusionniste hypnotiseur dont la spécialité est de proposer des tours horrifiques et extrêmement gore en guise de final de ses spectacles de magie. Mais si les infortunes assistantes de ce bon Montag repartent seines et sauves de scène après des pseudos mises à morts ultra-violentes, elles sont ensuite retrouvées véritablement mortes quelques heures plus tard exactement dans les mêmes circonstances de leurs trépas sur scène . Une présentatrice de télévision aidée de son compagnon journaliste et de la police tentent alors de démêler le vrai du faux tandis que les victimes sont de plus en plus nombreuses.
The Wizard of Gore s'appuie sur une idée d'intrigue globale plutôt aguichante puisque l'horreur se mêle ici au thriller et au surnaturel. Malheureusement le film ne tient pas vraiment ses promesses et l'histoire extrêmement répétitive laisse bien peu de place à l'enquête policière qui se limite pour nos brillants détectives à toujours aller voir un nouveau spectacle du fameux magicien pour tenter de comprendre le pourquoi du comment. La mécanique est objectivement un petit peu lourde et indigeste d'autant plus que tout ce qui se trouve entre les petits morceaux de bravoure de Montag sur scène est particulièrement plat et soporifique. Les personnages parlent faux et s'interrogent beaucoup mais ne font jamais rien de très utile ni pertinent pour faire avancer l'intrigue et ce sentiment est renforcée encore un peu plus par une piètre direction d'acteurs et une mise en scène vraiment paresseuse. Certes le film manque de moyen mais est ce une excuse suffisante pour filmer une séquence de filature nocturne complétement flou de bout en bout et sans aucune tension dramatique. Certaines "performances" d'acteurs sont tellement excessive qu'elles offre de jolis moments digne d'un joyeux nanar. On pourras aussi noter que lors des différentes prestations de Montag on retrouve toujours les mêmes figurants en guise de public. The Wizard of Gore n'a donc rien d'un récit des plus palpitant, en même temps Herschell Gordon Lewis et son scénariste Allen Kahn semblent avoir trouver dans la thématique de l'illusion, du vrai et du faux une formidable excuse pour faire un peu n'importe quoi à l'image d'un final assez surréaliste en rebondissements.
The Wizard of Gore reste surtout amusant pour ses séquences horrifiques bien gratinées et le numéro de cabotinage hallucinant de Ray Sager dans le rôle de Montag The Magnificent. Le magicien aux sourcils broussailleux et à la moustache poivre et sel fait de grands gestes démonstratifs, des discours un poil obscurs mais emphatiques et des gros yeux pour vous attirer vers le monde de l'illusion. Niveau gore on est dans l'artisanal et la boucherie traditionnel et niveau illusion on est souvent plus proche de Garcimore (Gorecimore) ou Eric Magic que de la grande illusion de Las Vegas. Fausse têtes un peu grossières, tripes et abats en pagaille, faux sang pas très réaliste, épée qui se tord comme du papier... le film n'est pas vraiment au top niveau effets spéciaux mais il y-a une telle complaisance morbide que plus de cinquante après certaines scènes pourtant un peu pourris font encore leur petit effet dégueulasse. Car Montag est imaginatif, il tronçonne des femmes , défonce des crânes à coup de burin, écrase des corps à la presse hydraulique, enfonce vicieusement des sabres dans le gosier de spectatrices et s'amuse à faire sortir un œil de son orbite comme d'autres des lapins de leur chapeau. Dommage donc que ses scènes gore ne s'intégrèrent pas dans une intrigue policière plus dense et plus prenante sinon The Wizard of Gore s'affranchissait de son simple statut de bis fauché mais sympathique.
The Wizard of Gore est un film auquel il ne faudra pas trop en demander , il offre son lot de séquences chocs , une intrigue suffisamment nébuleuse pour qu'on y trouve du sens (ou pas) et quelques instants de comédie approximative qui arrachent un sourire de béatitude idiote. Herschell Gordon Lewis rend hommage aux joies de l'illusion et à la magie du cinéma mais il faudra un peu plus hypnotiser les spectateurs pour vraiment les convaincre.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste 1970 - Une Horrible Année
Créée
le 17 nov. 2021
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