James Williamson et George Albert Smith sont les instigateurs de 'l'école de Brighton', courant anglais des premiers temps du cinéma auquel on doit la sophistication voire la création de nombreux effets spéciaux, comme le gros plan, le plan subjectif ou le champ/contrechamp. Smith en tourne les premiers films en 1897, année généralement exclue pour situer le courant (1898-1908), où ne surnage que The X-Rays (aussi nommé X-Ray Fiend), projeté en octobre.
Ce film de 44 secondes est le premier à faire mention au cinéma des rayons X, découverts en 1895 par le physicien allemand Wilhelm Röntgen. À l'écran, un homme muni d'une caméra 'x-rays' se poste devant un homme et une femme installés sur un banc. La machine occulte la chair (mais pas le chapeau de madame) et nous montre les squelettes sous leur peau, continuant de s'animer normalement puisque l'anormalité vient de notre perspective.
Les anecdotes faisant la gloire de ce film ne sont pas là, puisqu'on voit simplement des acteurs recouverts de costumes noir et os. D'ailleurs tout le dispositif est rudimentaire et la machine 'x-rays' est un gadget bâclé. En revanche The X-Rays est l'un des premiers films à utiliser des effets spéciaux (et le premier pour les britanniques, à l'exception des artifices du kinétoscope : la décapitation dans The Execution of Mary en 1895, le ralenti de Rough Sea at Dover de R.W.Paul en 1896). The X-Rays exploite ainsi 'l'arrêt caméra' dont se sert Méliès depuis son Escamotage (1896).
Cela lui permet d'opérer une transition nette et réunir des moments tournés séparément, ainsi que recouper avec une relative subtilité les accessoires entre vues normales et l'exposition sous rayon X. Ainsi les vêtements ne sont pas complètement transparents, tandis que l'ombrelle est elle aussi réduite à son 'os' ; dans le premier cas, ce peut être une faute (impureté) comme une richesse. Comme l'heure n'est pas au fantastique mais plutôt à une espèce de réalité augmentée, c'est probablement plutôt la preuve d'un manque.
Le premier film recensé qui entre pleinement dans la SF arrivera en 1901 : Over-Incubated Baby (de R.Booth, anglais) avec sa machine de vieillissement accéléré. Méliès tournera un 'remake' de X-Ray Fiend l'année suivante (Les rayons X), ce qui n'est pas compromettant, puisqu'il a été la source d'inspiration principale de George Albert Smith à ses débuts (avant que l'école de Brighton dont il est le représentant le plus illustre et performant ne soit à son tour la référence première d'un français, Ferdinand Zecca).
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