Portrait sans concession de l’adolescence urbaine, Thirteen a été pour moi un film passionnant à suivre. Sans doute parce que Catherine Hardwicke ( qui reçu pour ce film le prix de la mise en scène au Festival Sundance en 2003) a décidé de montrer froidement ce que les jeunes pensent, font, ressentent et traversent aujourd’hui. Et qu’ils risquent de se reconnaître dans cette histoire, co-écrite avec une des leurs, Nikki Reed ( jouant le rôle de Evie) et qui se concentre autour des heurts, des excès, des rituels secrets de deux ados désaxées, qui ne parviennent à s’exprimer que par la violence.
Evidemment on joue parfois sur certains comportements à l'extrême sachant que toutes les adolescentes ne franchissement pas un pas haut et violent que traverse l'héroïne Tracy. Mais doté d’un réalisme froid et d’un montage très rythmé, le film fonctionne sur le mode du thriller psychologique. Voulant jouer sur une vague des films "Teen-movies" en ouvrant les scènes sur des musiques rock-pop, on glisse vers une ambiance beaucoup plus pesante. Le malaise s’installe alors que la communication entre Tracy, sa mère démissionnaire et son père absent semble définitivement se rompre. Seul le pire reste à venir. De l’idée de transition, on bascule à celle de perdition dans un territoire obscur sur lequel les adultes n’ont plus prise. Le spectateur, même averti, risque fort d’être en proie au vertige face à l’abîme qui le sépare désormais de Evie et Tracy.
Le film, tourné du point de vue de Tracy mélange un regard insouciant et décalé sur les situations graves et les tons dramatiques durant les scènes de dispute de sa famille qu'elle essaye d'échapper par la drogue et la scarification.
La drogue , le sexe, le vol, le désir d'être populaire,les garçons,le suicide, la provocation, l'alcool, la recherche de son identité... on retrouve tous les thèmes que chaque adolescent traverse.
Même si certains pourraient critiquer le côté il faut admettre " trash" sur certaines scènes, c'est pourtant une réalité d'aujourd'hui où les ados vivent à l'extrême, et testent toujours plus haut leurs limites et où l'insouciance de l'enfance se perd de plus en plus tôt ( l'héroïne a tout de même 13 ans) .
Même l'homosexualité est abordé à travers la scène du baiser entre les deux héroïnes et par la confession d'Evie.
Prix spécial du jury au Festival du film américain de Deauville, Thirteen ouvre une brèche, en refusant de se sacrifier à la vision édulcorée de l’adolescence généralement véhiculée par Hollywood. Reste à saluer les performances effrayantes des deux protagonistes et de Holly Hunter, remarquable interprète de cette mère à la dérive.
Ainsi ce film permet de réfléchir sur le devenir des adolescents : à vouloir trop vite sortir de l'enfance, sommes nous prêts après avoir franchi nos limites les plus extrêmes, à faire face à la réalité du monde adulte qui est beaucoup plus cruelle ?