Bon je craignais un peu ce film tout en espérant quand même un petit quelque chose. Mais rien à faire, ce fut un calvaire. Il faut dire que quand le personnage principal arrive à t'insupporter dès sa première apparition, ça n'aide pas vraiment... J'aime beaucoup Sean Penn mais là ce n'est juste pas possible. J'ai cru assister à un numéro de clown où Penn mime un gothique avec sa petite voix fluette archi forcée qui flingue tout le capital sympathie que le personnage pourrait avoir. Et c'est ça le principal défaut du film, tout est forcé, tout sonne faux. Le film n'affiche pas des prétentions réalistes mais il manque tout simplement de substance, d'authenticité. Sorrentino se donne des grands airs pour filmer le néant. Ce mec abuse tellement des zooms et des plans fixes sur des visages laids que ça en devient malsain. C'est dommage car il y avait de bonnes idées de mise en scène mais ça ne filme rien, rarement j'aurais autant ressenti une telle vanité et une telle "gratuité" dans un film. Il n'y a qu'à voir la scène où Penn va conduire un vieil indien en plein milieu de nulle part. Il n'y a aucun but, rien, c'est juste faire du décalé pour faire du décalé.
Le scénario en soi est plutôt intéressant mais la manière de le mettre en scène beaucoup moins. On sent un certain talent mais un énorme manque de subtilité sur le plan formel mais surtout dans la construction du récit. Trop de scènes à rallonge, trop d'effets de style, à part l'ennui l'émotion est absente. Sorrentino tente d'en placer mais elle est tellement superficielle que ça ne marche pas. Et puis ce spleen de pacotille, ralala... Encore un mec qui pense que mettre une musique déprimante avec des personnages qui font la tronche en slow-motion va faire pleurer sous les chaumières. Tout est surligné au possible et moi ça m'énerve cette émotion de comptoir qu'on t'impose sans la moindre subtilité.
Bon après le film évite de sombrer dans le pathos grâce à de petites touches d'humour qui parfois sont bien senties (le coup de la flaque, méchant sans être cruel ou encore la partie de ping pong). Mais c'est tout, c’est bien vide et c'est bien dommage car il y avait moyen de construire un récit puissant. Mais ici on a le droit à une quête initiatique lourdingue qui multiplie les effets de manche pour se terminer en queue de poisson. Tout y est prévisible, faussement original. Le rythme est paresseux, mal agencé, il n'y a pas de réel moment fort, ni de tension, ça reste gentillet et plat jusqu'au bout. Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est une torture absolue mais les défauts sont si nombreux que je trouve ce film assez mauvais. Avec Sleeping Beauty, voici le deuxième film en sélection à Cannes en 2011 qui a brillé dans le genre des parodies de films d'auteur. Très décevant vu le matériau de départ.