Slasher N the Hood

Pauvre petit Chauncey ! Alors qu'il est déjà leur souffre-douleur officiel, ses camarades de classe décident de lui jouer un vilain tour qui se solde par une terrible tragédie. Accusé à tort par tous ces petits gredins, le malheureux bougre est envoyé directement en prison.
Quatre ans plus tard, Chauncey désormais libre et ceux qui l'ont persécuté, aujourd'hui lycéens, vont sérieusement le regretter...

Oui, oui, si vous êtes un tant soit peu amateurs de slashers, vous avez bien déjà croisé cette histoire des dizaines de fois à travers les décennies depuis la naissance de ce sous-genre horrifique ! On vous rassure, ça ne vient pas de vous, "Thriller" est bien un pur représentant de sa catégorie... et de ceux de la pire espèce, oubliés dans la poussière de notre mémoire tant ils dégoulinaient de médiocrité.

Pourtant, cela va peut-être vous étonner de par ce que l'on vient d'écrire et la note attribuée mais on croit vraiment que ce film de Dallas Jackson partait d'une belle idée. De prime abord, "Thriller" a pour seule originalité de remplacer la blancheur des personnages stéréotypés de slasher par les couleurs des minorités américaines (la totalité des intervenants est afro ou latino-américaine). Toutefois, si l'on pourrait penser que la formule d'un "Slasher N the Hood" a quelque chose de très opportuniste, le film va parfois nous faire entrevoir que ce choix n'était pas totalement gratuit. Ainsi, ici, la plupart des protagonistes ont conscience de leurs conditions respectives dans leur quartier dominé par la criminalité et la pauvreté, certains ont la volonté de s'en sortir pendant que d'autres sont rongés par la fatalité. Alors, oui, on vous l'accorde, tout cela est mis très grossièrement en exergue mais il n'empêche que ce cadre est bel et bien omniprésent et va permettre de donner du relief à son tueur à l'apparence assez quelconque. Derrière ce visage uniformément noir et dissimulé dans la capuche d'un hoodie se cache en réalité une sorte d'incarnation physique de ce quartier, une caricature meurtrière qui emporte littéralement avec elle la nouvelle génération sans lui laisser d'échappatoire pour l'avenir. La métaphore est plutôt bien pensée dans le contexte d'un slasher qui pourrait s'en servir comme d'un ressort afin de se muer en quelque chose de grand et inédit...

Sauf que non. Peut-être vexé parce qu'il a dû intituler son film "Thriller" au lieu de "Slasher" (une série porte déjà ce nom), Dallas Jackson s'est juste contenté d'utiliser quelques bribes de ce discours comme un simple prétexte à un slasher aussi mauvais que fainéant. Il ne reste plus qu'un film que l'on connait déjà par coeur, sans grande ambition visuelle, pas très bien interprété, pas vraiment saignant (à peine deux meurtres lors de la première heure) et d'où il n'émane jamais la moindre tension ou le moindre frisson, un comble pour un "Thriller"...
Si votre mode "dix millième degré" est enclenché, vous pourrez avoir quelques sourires devant un RZA en proviseur prêt à cogner ses élèves pour bien les éduquer (bonus : il a fait une playlist en guise de B.O.), l'unique professeur du lycée -il n'y a qu'elle apparemment- sortie tout droit d'un fantasme de collégien ou encore un dernier acte tellement affligeant qu'il en devient lunaire en matière de n'importe quoi ! La cerise sur le gâteau restera la bêtise de toutes les potentielles victimes car, quelque soit leur couleur de peau, les personnages d'un slasher raté restent et resteront unanimement stupides...