Le gloubi-boulga de la vie
(...) Tiens-toi droite est un film qui a constamment conscience de briser un tabou, et semble profiter de la porte entrouverte pour laisser passer le plus d'idées possibles avant que celle-ci ne se referme. De quel tabou parle-t-on ? Celui de la condition féminine au cinéma. Alors que Céline Sciamma explore patiemment ce thème, un personnage à la fois, Katia Lewkowitz choisit de tout dire, de tout montrer, et plus encore (...) comment incarner tous ces thèmes dans des personnages qui portent une narration ? Rien n'est moins simple : le film commence par trois introductions portées par une voix off que l'on n'entendra plus par la suite (...) Le film est un ouragan d'informations dans lequel le spectateur va devoir se frayer un chemin (...) une des grandes qualités du film : Tiens-toi droite ne mâche pas le travail du spectateur, et lui offre en échange des scènes intéressantes sur des aspects de la vie rarement abordés au cinéma, notamment dans tout ce qui se rapporte au monde du travail (...) Résultat, le film est porté entre deux courants contradictoires : d'un côté le film militant où les femmes doivent montrer leur valeur dans un monde du travail hostile, d'un autre côté un film fantaisiste qui rappelle le cinéma de Valérie Donzelli (remerciée au générique) ou de Sophie Fillières (...) Tiens-toi droite est un film sans doute beaucoup trop ambitieux pour son propre bien (...) dépeindre de nombreux personnages, montrer l'image de la femme réelle, de la femme fantasmée, et de la femme idéale, tout en gardant une part de fantaisie pour éviter le film à thèse, est une épreuve qui demande du temps pour développer son intrigue et un talent de scénariste très rare (...)