Puberté rebelle
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le 15 oct. 2023
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Dans le vivier à découvertes qu’est la Semaine de la Critique, sélection parallèle du Festival de Cannes, la session 2023 a pu saluer l’arrivée de la Malaisie, avec ce premier long métrage de la réalisatrice Amanda Nell Eu, déjà remarquée par des courts métrages horrifiques dans les festivals internationaux. Tiger Stripes pourrait se présenter comme un conte fantastique féministe, dans lequel la protagoniste, une jeune fille de 12 ans, se retrouve la première de sa classe à avoir ses règles, et va devoir gérer cette métamorphose intime comme celle du regard des autres.
L’ouverture tonitruante sur des clips TikTok des demoiselles donne le ton : entre la pétillance innocence de l’enfance et l’énergie à venir de l’adolescence, les jeunes filles s’exposent, dansent, se filment et prennent le monde pour un vaste terrain de jeu, avant que l’autorité (le système scolaire, la structure parentale), volontiers caricaturé en défilé de fonctions ineptes, ne viennent contraindre toute cette spontanéité.
L’audace du propos tient aussi dans ce mélange entre réalités physiologiques et folklore local, où la population cohabite avec les esprits et les contes, dans un mélange des genres qui outre autant les métaphores qu’il explique l’état d’esprit dans lequel évolue adultes et enfants. La stupidité bornée des enseignants, l’indifférence des parents et l’escroquerie d’un guérisseur avide de réseaux sociaux ne décape pas pour autant toutes les vertus d’un réalisme magique dont on perçoit quelques survivances poétiques, qui rappellent de temps à autre le cinéma de Weerasethakul.
Cruel, impétueux, le parcours de Zaffan cristallise bien cette place intenable dans laquelle elle doit canaliser les débordements hormonaux tandis que la pression sociale s’accroit autour d’elle.
La cinéaste parvient à compenser son manque de moyens en termes d’effets spéciaux par un humour qui joue d’un aspect cartoonesque et grotesque assez salvateur pour alimenter sa satire. Mais le rythme souffre tout de même d’un certain essoufflement passée l’exposition des enjeux, la narration s’égare et les redondances s’accumulent. Le sentiment d’être face à un court métrage étiré à l’excès prédomine, même si les maladresses accompagnent assez pertinemment cet univers mal dégrossi où la sérénité, le cap et la maturité ne sont pas de mise.
Un beau potentiel d’énergie dont on est curieux de voir les suites dans l’œuvre future de la réalisatrice.
(6.5/10)
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le 15 mars 2024
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