Titanic 666 dénote quelque peu dans le répertoire médiocre des productions The Asylum par la qualité avec laquelle il installe une atmosphère fantastique faite de rituels – notons d’ailleurs que la séquence au cours de laquelle une passagère s’adonne aux rites de résurrection est entrecoupée de scènes inutiles sur le bateau – et de spectres qui surgissent par sons interposés : un bruit assourdissant, un morceau de violon qui dissone progressivement jusqu’à emporter l’ouïe de l’auditrice. Ce n’est pas grand-chose, certes, mais c’est déjà ça. En cela, le film représente la fascination du public pour la commémoration des catastrophes voire, pire encore, par la volonté farouche de les revivre : un membre de l’équipage annonce, telle une ombre protatique, le destin tragique de la croisière qui s’annonce, le paquebot se transforme en musée où sont gardées, dans des vitrines surveillées, des reliques du Titanic… Le professeur Hal Cochran ne cesse de parler de devoir de mémoire et de résurrection de l’Histoire, notions ici prises au sens propre et ridiculisées. Le couple principal, campé par deux influenceurs débiles, évoque celui de Triangle of Sadness (Ruben Östlund, 2022), influence évidente de cette croisière tourmentée croisée avec la noirceur esthétique de la série 1899 (Baran bo Odar et Jantje Friese, 2022).
Malheureusement, si la première partie s’avère regardable, la vengeance de l’équipage fantôme finit par lasser, la faute à des effets clipesques qui rendent le long métrage difficilement regardable, à de bien piètres comédiens et à une réalisation illustrative dont les mouvements sont inspirés des productions horrifiques contemporaines.