Le cinéaste italien aime pareillement les années 70, si importantes dans l’histoire de son pays, et la famille, berceau originel de tous les conflits. Inspiré de sa propre histoire, son dernier film, Ton absence, nous plonge dans la Rome des années 70 où Guido, un artiste provocateur et avant-gardiste, voit le couple qu’il forme avec Serena sérieusement ébranlé dans une époque où les femmes commencent à revendiquer leurs droits et où nait une révolution sexuelle dont l’apparente permissivité n’annihile pas pour autant la jalousie et les sentiments en général. Vu de la place du fils ainé Dario, 10 ans, le double du réalisateur, le film déçoit par sa platitude et son éparpillement. On a davantage l’impression de voir un joli roman-photo (beauté des personnages et des paysages, sentiment d’oisiveté et d’aisance dans un monde qui apparait complètement coupé des réalités) aussi lisse que globalement inconsistant, sauf à sauver quelques scènes finales. Mais le doute demeure : faut-il approcher Ton absence comme la relecture enjolivée des souvenirs d’un enfant assistant au délitement du couple formé par ses parents ou comme l’expression de la naïveté et du manque d’envergure de la part de Daniele Luchetti ? Si on penche avec indulgence pour la première hypothèse, le film nous fera penser au très beau argentin Enfance clandestine, se penchant également sur les réminiscences d’un enfant passé derrière la caméra depuis, pris dans les tourments de l’histoire et de l’engagement politique de ses parents. Au final, ce curieux assemblage de doutes artistiques, d’émancipation féminine et de découverte de nouveaux territoires sexuels ennuie et agace plus qu’il ne passionne.