Pendant des décennies, on nous avait présenté Citizen Kane comme étant le premier film d'Orson Welles et son premier chef d'oeuvre ... jusqu'à ce qu'en Italie quelqu'un retrouve des bobines que l'on croyaient perdues voir même inexistantes de ce Too much Johnson. Ce long-métrage signé Orson Welles date de 1938 et est une sorte de galop d'essai pour celui qui va révolutionner l'Art cinématographique; c'est une comédie de type "slapstick" singeant les films de Buster Keaton ou Harold Lloyd, du pur burlesque et vaudeville délirant avec cette intrigue minimaliste d'un amant poursuivit par le mari trompé sur les toits des immeubles de New York. Cependant ce n'est pas dans cet hommage au cinéma muet que réside la réelle curiosité mais dans les techniques et la narration, car on décèle déjà la future manière de filmer de Welles avec les cadrages audacieux, les plongées ou contre, le découpage ultra rythmé puis une ligne narrative totalement aberrante avec l'utilisation des rush dans plusieurs séquences ou scènes qui se répètent plusieurs fois de suite, tout est embrouillé chronologiquement mais c'est bien sûr voulu ! Par contre est-ce judicieux ? Pas vraiment car avec la durée bien trop longue, le récit se perd, radote à l'infini pour devenir par moments lourdingue. Too much Johnson doit se voir comme une rareté, une pépite pour l'Histoire du cinéma américain plus que comme un classique ou chef d'oeuvre.