Pas Trop Totally Succeeded

J'attendais tellement peu de choses de ce Totally Killer que j'ai réussi à ne presque pas être déçu. Petite production Jason Blum calibrée pour Prime Vidéo et débarquant pour Halloween, Totally Killer joue un peu sur la vibration Happy Birthdead (Déjà produit par Jason Blum qui n'en est plus à une idée recyclée de plus) avec cette fois ci un slasher version voyage dans le temps direction les années 80. Fatalement le choc des cultures entre notre époque et l'age d'or du slasher pouvait déboucher sur un truc à la fois intéressant et amusant, ce que réussi très partiellement un film qui manque surtout cruellement de mordant et de gore pour être pleinement jouissif.

L'histoire est donc celle d'un tueur le Sweet Sixteen qui refait surface 35 ans après avoir assassiné trois adolescentes en 1987. Comme le tueur a décidé de s'en prendre à sa mère, la jeune Jamie qui s'est retrouvée propulsée dans le passé par la machine expérimentale de sa meilleure amie décide d'aller traquer le tueur ici en 1987 avant même qu'il ne fasse sa première victime.

Totally Killer même si il nous propose un tueur masqué jouant de couteau pour poignarder seize fois ses victimes dans un rituel morbide s'apparente plus à une comédie horrifique qu'à un pur film d'horreur. Pourtant l'ambiance slasher est bien présente et le tueur avec son masque de rocker blond platine arborant un large sourire fait même son petit effet. On passera volontiers sur le trip voyage temporelle franchement tiré par les cheveux pour se concentrer sur ce qui aurait put être une fabuleuse idée, comment une petite héroïne de slasher moderne se comporte et survit dans un slasher des années 80 ? Sans surprises et pour flatter l'ego cinéphilie de tout le monde le film va nous balancer moult références musicales et cinématographiques de John Hugues à Halloween en passant par Robocop ou Retour Vers le Futur mais finalement par des tonnes sur le cœur même du sujet. L'aspect assez amusant et décalée vient surtout du fait que la jeune héroïne aux références très actuelles se retrouve dans un monde franchement moins aseptisé pour le pire comme pour le meilleur. Alors bien sûr certains verront à travers ce personnage souvent moralisateur encore une affreuse menace wokiste et progressiste alors que c'est juste d'une logique imparable de voir une adolescente d'aujourd'hui réagir avec ses références au monde d'hier. L'occasion de dire dans un court aparté que celles et ceux qui voient du wokisme partout et tout le temps commencent autant à m'emmerder que celles et ceux qui se sentent obligés d'en foutre à toutes les sauces. Alors oui cette adolescente va souvent s'étonner et s'émouvoir de stéréotypes, de comportements irresponsables, de mœurs un peu disparus, mais dans l'ensemble je trouve que c'est fait avec distance, humour et jamais de manière lourdement moralisatrice. J'ai même trouvé ça souvent amusant comme lorsque la jeune Jamie se retrouve dans un épais nuage de fumée d'une voiture conduite par une mère de famille qui clope avec ces gosses à l'arrière, qu'elle écoute un peu atterrée la longue liste de suspects potentiels qui ont étés harcelés par ce groupe d'adolescentes ou qu'elle demande qu'on ne fasse pas une morale du fait qu'une des filles a été tuée parce qu'elle s'est retrouvée seule après avoir refusée de faire une pipe à son petit ami. Fatalement une adolescente d'aujourd'hui dans les années 80 ne pouvait faire qu'un joli choc de culture et le film l'aborde de manière plutôt légère et amusante. Même si fatalement la jeune Jamie a un coup d'avance sur le tueur le film nous épargne aussi le cliché de celle qui connaît tous les codes du genre et tente pour les réciter à voix haute, ce qui après 6 Scream aurait été franchement assez malvenu.

Après ma plus grosse déception vient du fait que j'aurai aimé que l'héroïne se retrouve vraiment plongée dans l'ambiance d'un slasher pur jus des années 80, même si le choix de l'année 87 marque déjà une baisse de régime du genre. Avec une horreur bien plus décomplexée à grand coup de faux sang et de latex, quelques clichés du genre quitte à ce que l’héroïne les critique ouvertement au nom du progressisme et surtout au moins une bonne paire de boobs … le film serait tout de suite devenu beaucoup plus fun. Car finalement le plus tristounet c'est que peu importe que l'action se déroule et 1987 ou 2023 on a un peu la sensation d'être toujours dans le même film comme si le réalisateur Nahnatchka Khan n'avait pas la culture suffisante du genre pour adapter sa mise en scène et son ambiance aux deux époques différentes ne serait ce qu'en modifiant le format de l'image. Alors bien sûr il y-a les fringues, la musique, les comportements mais même au niveau du langage et des attitudes les deux époques ne sont jamais assez clairement différenciées à l'écran. Pour ce qui est de l'aspect purement slasher le film ne propose rien de vraiment fulgurant que ce soit dans les meurtres, le suspens, la révélation du coupable et de son mobile mais globalement ça reste cohérent.

Bref en un mot comme en cent, Totally Killer est une petite comédie horrifique qui permet de passer un bon petit moment à condition de ne pas être bien exigeant sur la marchandise. Le film m'a parfois amusé, quelques fois agacer mais dans l'ensemble ça se regarde vite fait, sans doute aussi vite que ça va s'oublier du moins jusqu'au prochain , avec Jason Blum il faut s'attendre à tout.