Pour son premier film, la belge Savina Dellicour, formée à l’école de Stephen Frears, s’est inspirée du pragmatisme anglais. Cela donne un film bien ficelé, avec un suspense intact jusqu’à la fin et un usage intéressant d’une scène récurrente servant à la fois de flash-back et de flash-forward. Côté scénario en revanche, la réalisatrice souffre encore de lacunes. Gloussements entre filles, spleen alcoolisé, journal intime maladroitement explicite, échappée belle à vélo du rock à fond dans les écouteurs, aucun des stéréotypes adolescents ne nous est épargné. Les acteurs sont cependant là pour sauver la mise. Malgré ses répliques souvent invraisemblables, Anne Coesens a obtenu en Belgique le Magritte du Meilleur second rôle féminin pour sa composition d’une mère inquiète, mise au pied du mur de son déni par son adolescente en quête de vérité. Si la jeune actrice principale (Manon Capelle) manque encore d’épaisseur, la gouaille de sa meilleure amie (Aisleen Mac Lafferty) est très convaincante. Enfin, si Tous les chats sont gris réussit à nous attendrir, cela doit beaucoup à la bonne bouille du détective privé, chaleureusement incarné par Bouli Lanners.