Un Point C'est Tout !

Dans Tout est Permis la réalisatrice Coline Serreau plonge sa caméra au cœur de plusieurs stages de récupérations de points dans lequel des individus de tous horizons viennent se confronter aux risques et conséquences de leurs propres comportements routiers. Par extension la réalisatrice vient nous rappeler quelques leçons de sécurité routière et dresser le portrait ambigu du français au volant.

Comme je le dis toujours ce que j'attends avant tout d'un bon documentaire c'est d'apprendre des choses sans m'ennuyer. Ce n'est pas toujours facile d'être pédagogique sans être scolaire, instructif sans être assommant, engagé sans être militant et peut être le plus important n'imposer que la réflexion au spectateur et non son opinion. Sur tout ses point Coline Serreau réussit grandement son pari, son film étant à la fois drôle, émouvant , instructif et sans en avoir l'air il nous impose de nous interroger sur nos propres comportement en voiture. Dès le premier tour de table des différents intervenants on comprend combien en matière de sécurité routière la mauvaise foie prime souvent sur la responsabilisation individuel. Ce n'est que très rarement de notre faute mais toujours celle d'une voiture trop puissante, de l'autre conducteur (les vieux, les jeunes, les femmes..), de la règle qui est trop stricte, du hasard, de la faute à pas de chance, de l'état qui souhaite prendre mon pognon....pourtant tous ont commis des effractions graves ou mineurs que les ont conduit(e)s dans ces stages. Du coups ils ont tous des solutions assez amusantes comme élargir un peu les limites de vitesse, bridés les voitures, être plus souple alors que la solution tient dans tout à chacun de respecter simplement les règles par civilité de l'espace public.

Le film à travers divers intervenants internes ou externes à ses stages vont venir tordre le cou à quelques lieux communs qui ont la vie dure comme le mythe de l'autoroute allemande sans la moindre limitation de vitesses et sur laquelle il y-aurait moins d'accident alors qu'il n'existe en fait qu'une toute petite portion d'autoroute sans limitation et que sa mortalité y est largement supérieur à celle des autoroutes française. Quant au bon sens populaire qui dit toujours que les radars ne sont là que pour nous prendre notre argent et remplir les caisses de l'état il devra se confronter à la réalité des chiffres; le coût annuel des accidentés de la route pour la sécurité sociale est 8 fois supérieur à celui des recettes dues aux radars.... Et si ces mêmes radars sont placés sur des grandes lignes droites quand il fait beau c'est parce que ce sont les conditions dans lesquels surviennent plus de 88% des accidents.

La dernière partie du film me convainc un peu moins en faisant intervenir de graves accidentés de la route pour des témoignages certes souvent bouleversants et qui ont le mérite de nous rappeler que nos petits écarts de conduite peuvent avoir de grandes répercutions mais qui apportent une petit touche de culpabilisation là ou je préfère la responsabilisation. Le film dérive aussi un peu trop sur le lobby de l'alcool et l'hypocrisie étatique jusqu'à perdre un peu le cœur du sujet.

Tout est permis est vraiment un très bon documentaire à la fois intelligent, humain et captivant. Il invite à la réflexion et la responsabilisation parce que Dura Lex Sed Lex, un point c'est tout...