Dubosc s'essaie à la réalisation : aucune surprise, même pas mauvaise. Il se donne le rôle principal et tient son personnage habituel de pseudo-bellâtre imbu et ridicule. Comme le mode beauf fringant et séducteur misogyne est enclenché, son double ressemble au cauchemar des collaboratrices de Je ne suis pas un homme facile. Il ne fabrique pas d'appli' mobile pour les humilier mais les notent certainement ; les femmes lui donnent des opportunités de challenge. Celui posé par Alexandra Lamy sera le premier à l'ébranler.
Cette dernière est représentative des qualités fragiles du film : excellente composition, au service d'un caractère un brin niais et en rappelant constamment, malgré elle, des éléments externes à la séance (sans qu'il soit question de références de cinéphiles, plutôt à cause des carrières déjà parcourues). Pas d'auto-citations ni d'imitation précises, mais l'impression de toujours naviguer en terrain connu voire classé depuis quelques temps. Dubosc joue encore de cette autodérision légèrement surjouée à propos de son vieillissement, ressemble à une sorte de Foresti mâle et relativement posé.
L'humour est bien lourd, fonctionne si on est pas fermé à la vulgarité ou au grotesque. Le rire s'opère souvent au détriment des gens, surtout femmes, alignant phrases creuses, réflexions toutes-faites et de préférence se crashant 'à-coté'. Les gags d'atmosphère sont surtout pour le début, avec l'enterrement 'doudou' puis le balayage des objets chéris de la défunte. Les individus et catégories les plus fragiles (ou en minorité), les vieux en particulier, paraissent moins des nécessiteux que des occasions de vannes pour Dubosc. Les paraplégiques ne font pas exception, mais sortent valorisés du film grâce à la résilience de Florence.
À ce propos le ton est équilibré et conforme aux mœurs et préjugés courants. La réflexion en propre du film et de ses personnages 'valides' ou positifs ne vole pas haut mais peut être fondée. Elle reflète les propos que peuvent tenir les gens, sans se tromper et surtout sans tellement se mouiller ni aller au fond des choses ; d'artistes ou de psychologues il faudrait attendre plus, or ils n'étaient pas sur ce chantier, même pas en tant que marionnettes. Les manques des personnages sont plus contrariants. Tout le monde a sa définition, ré-appuyée à chaque occasion, sans nouvelle nuance et presque sans nouvelle information.
Max/Darmon en particulier est pénible à constamment s'effaroucher, moraliser de façon presque bougonne au lieu de prendre le taureau par les cornes. Ce vain conseiller sert aussi d'ami homosexuel, pratiquant sur son bon camarade malaxages de routine et coloscopie conventionnelle – un coup rude pour l'intégrité de l'ego d'un macho (en voie de ringardisation). Le jeu de dupes forçant au quitte ou double fait tenir le film sans briller, avant de céder la place à une issue mielleuse. Tout est balisé mais opérationnel. Enfin Zylberstein joue encore une brave bécasse, comme dans À bras ouverts, cette fois sans vocation à heurter – sauf les secrétaires godiches ou érotomanes.
Rien qui soit suffisant là-dedans pour que la critique officielle donc la presse apprécient la séance ; elle n'a jamais raté une occasion de dégommer toute incursion de Dubosc au cinéma, voilà qu'elle salue son premier film. Fiston avec Kev Adams n'était pas moins émouvant et ne risquait pas d'accumuler, comme ici, un flou technique concernant le handicap (pour les termes employés, le maintien de la cohérence – ces fauteuils (requalifiés en 'chaise') sont décidément très performants !). Tout aussi optimiste, Intouchables en montrait davantage et plus sérieusement sur la condition de ces infirmes.
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