Toy Story 4
7.1
Toy Story 4

Long-métrage d'animation de Josh Cooley (2019)

Comment transformer une réplique culte en générateur lacrymale ?

Vers l'infini... Et au-delà.
Cette réplique n'a jamais eu une résonance aussi forte que dans ce quatrième opus. Et pour essayer de développer cela, je vais spoiler sans retenu. Ce texte s'adresse donc aux personnes qui ont eu la TRES bonne idée d'aller voir ce film.


Pour justifier sa raison d'être après la trilogie, Toy Story 4 devait forcément frapper fort. Les créateurs du studio ont donc très humblement décidé de traiter la question du sens de la vie... Et très habilement, ils n'y apporteront pas de réponses, comme le prouve le superbe et tout dernier échange du film (et de la saga), entre Fourchette et "sa copine couteau". Elle lui demande naïvement comment se fait-il qu'elle soit vivante, et il répondra tout naturellement qu'il n'en a aucune idée. Toy Story 4 m'aura donc surpris jusqu'à la toute fin, car conclure la saga sur cet échange est un coup de maître.


Depuis 24 ans, on a admis l'idée que les jouets de cette saga sont vivants, mais sans jamais vraiment se poser la question du pourquoi. Mais tout simplement, c'est parce que la question n'est pas là. Il ne s'agit pas de se demander comment la vie peut-elle exister, mais comment profiter et "remplir" de la meilleure manière cette vie.


Toy Story 4 ouvre ainsi plusieurs portes au fil de son aventure et à travers les arcs de plusieurs personnages. Et ce film délivre un message plein d'espoir et d'optimisme. Même lorsque l'on croit qu'on n'a plus rien à espérer de la vie, d'autres perspectives peuvent s'ouvrir, et une nouvelle vie peut s'offrir à nous. Il suffit d'avoir la force de dire au revoir à l'ancienne, pour se diriger vers ses nouveaux horizons prometteurs. Alors oui, ce magnifique message était déjà bien amorcé lors de la conclusion de Toy Story 3. Mais le quatrième opus s'apparente alors à une extension et un approfondissement très réussis de cette philosophie.


De nombreux personnages passeront par ce parcours psychologique durant le film. Il y a bien sûr Fourchette, dont la crise existentielle servira d'élément déclencheur à l'intrigue (Au passage, Pierre Niney en vf exploite les meilleurs ressorts de son talent comique dans ce rôle). Woody est évidement dans un cas similaire, car il est le seul à ne jamais avoir totalement surmonté la séparation avec Andy, et une nouvelle voie s'offre à lui, et b***el qui n'a pas chialé sérieusement ??


Mais la plus grande réussite du film selon moi, c'est tout l'arc du personnage de Gaby Gaby ! On a pour moi dans ce Toy Story 4 la meilleure antagoniste de la saga, et même probablement mon personnage préféré de la saga ! Et ça, je peux vous assurer que jamais je ne m'y serais attendu...
Au delà de sa personnalité intrinsèque assez froide et creepy, magnifiée par des expressions faciales glauques, et étonnamment un très bon doublage d'Angèle en vf, le personnage est tout simplement très émouvant. Jamais les motivations d'un antagoniste chez Pixar ou Disney n'ont été aussi compréhensibles... Durant toute la magnifique scène où elle manipule habilement Woody pour le convaincre de lui laisser sa boîte vocale, on ne peut limite que l'approuver ! Et on est en mode, " Mais ouais en fait elle a raison, mec. Laisse la lui, ta boîte vocal, sois sympa." De plus, tout comme Fourchette et Woody, elle passera par ce parcours qui la poussera à entrevoir de nouvelles perspectives, après avoir été reniée par la petite fille de ses rêves. Cela conduira à l'un des plus beaux moments du film pour moi, la scène de l'enfant perdue.


Dans cette séquence, on sent toute la détresse et l'anxiété de cette petite fille grâce à la mise en scène très sombre, et l'espace qu'elle occupe dans les plans. Mais Gaby Gaby, au détour d'un véritable coup de foudre jouet-enfant, apparaîtra symboliquement dans la lumière, et donnera à cette petite le courage d'aller se montrer à une policière. Bon déjà, rien qu'à ce moment là, je ne faisais pas vraiment le malin... Les frissons et les larmichettes ont commencé à monter, et ça m'a bien échauffé pour la fin de l'arc de Woody.


Et comme on le voit avec cette scène, Toy Story 4 est un film qui célèbre tout type de relations fortes, qu'elles soient amicales, amoureuses, ou entre un enfant et son jouet. On nous montre à de nombreuses reprises qu'un attachement puissant entre deux êtres-vivants, parfois cela se fait tout naturellement, et d'autres fois cela ne se fait jamais. Une grande facette de la complexité des relations et magnifiquement dressée dans ce film d'animation.


Thématiquement, Toy Story 4 est donc très dense, mais dans son récit et dans sa forme, il est également très réussi. Techniquement c'est du Pixar comme on est en droit de s'attendre en 2019, avec en plus un soin apporté à une atmosphère particulièrement sombre et angoissante. L'intrigue est également très bien menée globalement, avec fluidité, et sans grand temps-mort. Tout s'enchaîne logiquement, et avec une belle part de suspens. Il y a de très bon moments de comédie... Ouais, c'est un grand Pixar, on peut dire ça !


Comme défaut très léger, j'ai le regret et la surprise de citer Ducky et Bunny, qui ne servent quasiment à rien, et qui sont étonnamment moins drôles que dans leur teasers. Mais j'avoue qu'ils ont quand-même certains délires qui passent très bien !
Et comme petit regret, je suis très légèrement déçu que la "romance" entre Jesse et Buzz ne soit pas poursuivie... Je trouve cela très logique qu'elle soit mise au second plan, comme la plupart des jouets du d'Andy, mais j'aurai apprécié au moins un petit signe de complicité entre elle et Buzz.


Mais là on est dans le chipotage extrême, car Toy Story 4 reste une oeuvre magistrale, de laquelle je suis ressorti assez secoué. La vie évolue, mais continue... vers l'infini... et au delà !

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le 24 juin 2019

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AveOscars

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