Toy Story 4
7.1
Toy Story 4

Long-métrage d'animation de Josh Cooley (2019)

C’était peut être ça sa destinée

Ecoutez votre voix intérieure. Entre jouets, il faut être solidaire. Alors que la petite Bonnie prépare son entrée tant redoutée en maternelle, un nouveau jouet improbable débarque dans la vie de nos héros de plastique. Etes-vous prêts à repartir une toute dernière fois à l’aventure aux cotés du shérif Woody, Jessie, Buzz l’éclair et leurs amis ? Une histoire est sur le point de se conclure dans Toy Story 4. Mouchoirs vivement recommandé.


Qu'est-ce qui fait qu'un jouet est un jouet ?


Il y a plus d'une vingtaine d'années, Pixar changeait à jamais le visage du film d'animation et notre manière de voir les jouets à travers l’univers de sa première franchise cinématographique : Toy Story. Oui, lorsqu’on les quitte, nos jouets ont une vie. Enfants et surtout adultes, étaient invités à sauter dans le passé, au moment de l'enfance, époque à laquelle ils travaillaient leur imagination en s’amusant avec leurs jouets. Hélas un 14 Juillet 2010, cette aventure trépidante nous rappelait que depuis le départ, il était question de parler du temps qui passe.


Toy Story 3 concluait l’histoire d’Andy. Mais comme dans la vie de chacun, chaque fin est synonyme de nouveau départ. La franchise fermait une porte pour en ouvrir une autre. Lors du final de leur troisième aventure, Woody et sa bande se retrouvaient dans une nouvelle chambre, avec de nouveaux jouets et un nouvel enfant. La question est de savoir à quoi ressemble le commencement de cette nouvelle histoire avec Bonnie, la nouvelle propriétaire de Woody et Cie, dont vous avez pu suivre les péripéties à travers les moyens métrages sortis respectivement en 2013 et 2014. Nous ne sommes pas prêts à laisser derrière nous notre enfance. 26 Juin 2019, Toy Story 4 sort au cinéma.


En entrant dans la salle pour voir ce quatrième et dernier épisode, j’ai éprouvé le même sentiment vécu lors de la projection de Toy Story 3 : la peur de dire au revoir à un univers et des personnages chers à mon cœur depuis 1996. Les lumières de la salle de cinéma se sont éteintes, j’étais à la fois excité, inquiet et attristé. Toy Story 4 serait-elle la suite de trop ou apporterait-elle une conclusion définitive ? Quelque chose est sur le point de se conclure. Mais quoi ?



Woody : Ecoutez, il c'est passé un truc bizarre. Bonnie c'est fait un
nouveau copain en classe. Dolly : Oh elle a déjà des petits camarades.
Woody : Heu non non, c'est un copain qu'elle a fabriqué.



Une conclusion réalisée par amour pour les fans


Les premières minutes nous la jouent nostalgiques grâce à un flashback nous propulsant 9 ans en arrière de nouveau dans la chambre d’Andy. Cette introduction liée au thème central du film a pour but d’enfin donner une réponse concrète à la raison pour laquelle Bo la bergère a été séparée des jouets d’Andy.


L’évolution technique montre déjà ce dont elle est capable en jouant sur les profondeurs en zoomant et dézoomant, nous illustrant une nouvelle façon de filmer les jouets. 10 minutes déjà hautes en émotions naturelles à coup de séquence bouleversante et d’un retour tonitruant de la célèbre chanson « Je suis ton ami » réinterprété par Charlélie Couture, que Pixar montrent définitivement l’envie de nous faire pleurer comme à la sortie de « Là Haut ». En plus ça marche ! L’excitation est à son comble, je la sens vraiment bien notre VRAIE conclusion.


Woody, le jouet avec qui nous avons tous grandi, appris et été inspirés, gagne en sagesse. Depuis que nous le connaissons, Woody a passé son temps à affronter ses peurs les plus profondes. La peur d’être remplacé, d’être jeté, d’être perdu, d’être oublié. Sa quatrième aventure lui proposera grâce à un nouveau défi, de changer de regard sur lui-même et trouver un nouveau but dans sa vie.


En emmenant Bonnie et ses parents voyager en camping-car, Toy Story 4 donne l’occasion aux jouets de prendre un bol d’air pur en plein air. Grace à un arrivage de nouveaux jouets tout droits sortis d’une fête foraine et d’une antiquaire de la petite ville de Grand Basin, vous ferez aux cotés de Woody et Fourchette, de nouvelles rencontres plaisantes, de nouvelles rencontres au départ déplaisantes :



  • La nouvelle touche « horrifique » propre à Toy Story est sur le point de se dévoiler. Dans les allées sombres poussiéreuses d’un magasin d'antiquité, vous croiserez Gaby Gaby, une adorable poupée née dans les années 50 et livrée avec le livre de son histoire. Gaby Gaby qui est assistée par Benson, marionnette un brin terrifiante ressemblant un peu trop à Slappy le pantin maléfique des livres « Chair de poule ». Papi Pépite, Lotso, s'il y a bien une chose que l'univers de Toy Story nous a apprit c'est de ce méfier des inconnus un peu trop amicaux et employant un vocabulaire très chic. On l’a vu venir à des kilomètres notre gentille petite poupée accompagnée d’un sbire n’ayant pas besoin d’avoir l’étiquette méchant de collée au front. Quelles sont les motivations de Gaby Gaby ? Doit-on déjà la condamnée ?


  • En vadrouillant un peu plus loin vous ferez la connaissance de Duke Caboom. Ce célèbre cascadeur Canadien des années 70 confiant, se pavane continuellement sur sa moto en montrant ses poses de cascadeur. Problème Duke est dans le déni, n'a jamais été capable de réaliser les cascades annoncées dans sa propre publicité. Ceci ayant eu pour conséquences d’être délaissé par son propriétaire Jean-Jean en moins de 2minutes d'essais. « C’est juste une publicité, c’est pô la réalité ! » nous rappelle-t-il. Désormais, Duke vit dans une vieille machine pousse-pièces du magasin d'antiquités. Son destin de cascadeur le rappellera à l’ordre.


  • Bo la bergère et ses moutons Bee, Bop et Lula (t’as compris le jeu de mots amateur d’Elvis Presley ?). Notre gentille bergère a fait du chemin depuis Toy Story 1 et 2. Nouveau look, endurcie par le temps, Bo est devenue indépendante et force respect et admiration dans sa façon de discerner les gens et la vie. Nous sommes à des années lumières de la personnalité cucul mais attachante du personnage. Le travail sur ces expressions si vraies prend au cœur, surtout lorsqu’elle est en interaction avec Woody.


  • Elle n'ait pas aussi "vintage" que Duke Caboom mais elle retient toute l'attention des vieux amateurs de jouets connaissant la franchise Polly Pocket. Dites bonjour à Giggle McDimples, minuscule petite policière de chez Mattel, meilleure amie et assistante de Bo. Giggle McDimples, rebondit partout et aime rester sur l'épaule de la Bergère en lui prêtant de bons conseils. Giggle, version féminine et modernisée de Jiminy Cricket.


  • Installés depuis longtemps dans un jeu de tir à la carabine dans une fête foraine, vivent Bunny et Ducky, un lapin et un canard en peluche inséparables puisque collés ensemble, surexcités, bourrus et à l’imagination un peu trop hardcore. Un duo irrésistible.



Où que vous alliez avec lui, laissez Fourchette loin des poubelles


Toy Story 4, ne le voyez pas uniquement comme un film d'animation à grand spectacle. Oui, l'amusement propre à la franchise entend bien continuer de faire son job, mais ce quatrième opus a pour vocation d'être plus cérébral que ses prédécesseurs. Le but d'un jouet est d'être là pour son enfant. Mais qu'en est-il des jouets fabriqués à partir d'autres objets ?


Vient à point nommé « Fourchette », jouet le plus improbable de la franchise puisqu’il a été fait à partir de déchets trouvés dans une poubelle (et Bonnie dort avec comme s’il était un doudou ?!). Et si par le biais de ce nouveau protagoniste n’accaparant pas tant que ça l’histoire, nous approfondissions certaines questions essentielles comme celle de la définition d'être un jouet doté d'une conscience. Par quelle magie un jouet devient-il vivant ? Nous l’attendions depuis la naissance de l’univers. Une réponse ou pas ?


Quitter Andy pour se retrouver dans la chambre de Bonnie ne s'est pas déroulé comme Woody l'espérait. Délaissé par l'enfant, notre héros autrefois leader n'est plus que second et souffre de sa nouvelle position. En créant de ses petites mimines Fourchette, le même sourire d’Andy se lie sur le visage de Bonnie. Le cow-boy va accepter son nouveau rôle et devenir le protecteur du nouveau jouet. Sauf que Fourchette, il est destiné à finir à la poubelle et non pas être le jouet d’une petite fille. Tout démarre au moment où ce dernier réussi à fuir son nouveau foyer.


Comme il l'avait fait pour Buzz il y a des années, Woody continu à suivre cette petite voix dans son cœur de jouet le poussant à aider les jouets démunis et rendre la vie heureuse aux enfants. Quoiqu'il en coute, il ramènera Fourchette à Bonnie. Fourchette refusant d'être un jouet. Il sait qu'il n'en est pas un alors que Woody tente de lui prouver le contraire. Gentil, naïf, un peu simplet, Fourchette pousse notre scénario dans quelque chose d’à la fois dramatique, délirant et dérangeant. Fourchette irrémédiablement attiré par les ordures tel un aimant, sait en lui que son but est écrit puisqu’il doit finir à la poubelle. Voila que maintenant, on lui impose un nouveau but, le but d’être un jouet. Un personnage unique en son genre souligné par une vf réussie. Pierre Ninet au sommet de son art et dieu sait si je ne porte pas le comédien dans mon cœur. Doubler une fourchette…ça…c’est fait…


Symbolique, Toy Story 4 en plus d'être intelligent et mature, est symbolique. Toute la magie Disney resplendit de plus belle. Depuis Toy Story 1, nous avons appris que les jouets avaient une mission à accomplir : donner de l’amour à un enfant. Qu’arrive-t-il si un jouet est mit en retrait ? Quelle alternative peut-il avoir ? Ne jamais abandonner personne sur la route qu'il soit un enfant ou un jouet, telle est la politique de nos êtres de plastique de chez Pixar.



Je ne suis PAS un jouet! Je suis une cuichette! J'ai été fait pour la
soupe, la salade, peut être un petit peu de taboulé et HOP poubelle!
Je suis un détritus…LIBREEEEEE!



Quand Toy Story la jouait romantique


Quelle merveilleuse idée que de faire revenir Bo la bergère pour boucler la boucle ouverte depuis Toy Story 1. Woody et Bo seront les piliers centraux de l'histoire. Doit-on en conclure que Toy Story 4 aura des allures de film romantique ? Apprêtez-vous à vivre de jolis moments de tendresses, de romance sincère, le tout sans jamais effleurer la niaiserie. Vous aurez des moments de déchirements, cependant, la romance ne sera pas encombrante. Une des meilleures histoires d’amour de chez Disney ? Assurément.


D’un point de vue technique, Toy Story gagne un niveau supérieur depuis le troisième épisode déjà sublime. Regardez le travail sur la texture de Woody et toute sa bande ? Et celle de Bo la bergère en porcelaine brillante et très fragile ? Et des peluches ? Ce quatrième opus atteint les sommets de la créativité, continue d’enchainer les prouesses en termes d’animation, jeux de lumières et d’ombres, fluidité des mouvements et expressions des personnages tellement vrais. La matière constituant chaque jouet colle beaucoup plus à la réalité. En ce qui concerne les humains, les décors, les changements météorologiques, attendez-vous à en prendre plein les mirettes. Toy Story 4 plonge dans le monde du photoréalisme. Personne ne le méritait autant que lui.


Quelques regrets viennent « un poil » entacher toute les bonnes intentions émanant de ce film. Voyez plutôt:


• La relation Buzz/Jessie passe à la trappe,
• Rex, Bayonne, Pile-Poil, les 3 aliens, Mr et Mme Patate font presque de la figuration,
• Ken, Barbie et le clown Rictus ont disparu pour on ne sait quelle raison (nouvel échec pour Rictus déjà abandonné dans le passé),
• Absence de scène aussi éprouvante que celle de l’incinérateur dans Toy Story 3,
• Moins de cameos de jouets connus.


Par ailleurs, même s’il n’inclut pas tant d’easter eggs qu’on l’espérait si on le compare aux autres épisodes, Toy Story 4, généreux et aimant, offrira aux fans de l’univers Pixar des clins d’œil mémorables. Amateurs de Monstres et Cie, ouvrez l’œil, la plus belle des surprises vous attend. A moins que mon cœur de fan ne m’est joué un vilain tour…


Plus qu'un film d'aventure hilarant et fun, Toy Story 4 c'est la beauté de voir des jouets en pleine introspection découvrant ce qu’ait la conscience. Pour ça, on utilisera Buzz, qui, après une conversation avec son ami Woody, se questionnera sur ce qu’ait sa voix intérieure et comment ça marche. Que serait Toy Story sans un peu de philosophie ?


Des situations poignantes, des moments imprévus, d'autres chaleureux, et d'autres carrément déchirants. L'humour est là, l'émotion, l’aventure, l'espoir, et la gentillesse sont là, le tout accentuer par des mélodies de nouveau entrainantes signées Randy Newman. Impossible, fan ou non de la quadrilogie, de resté insensible à ce que l'on va lui conter, Toy Story 4 conclue de la plus magnifique des manières une histoire de plus de 20 ans.



-Je dois assumer. La petite voix qui est en moi me laissera pas tranquille si je le fais pas.
-Hum. Tu crois que c’est qui ?
-« Qui », quoi ?
-La voix qui est en toi. Tu crois que c’est qui ?
-Moi, disons ma conscience. Cette part de toi qui te dis quoi faire, qui te dit ce que tu ressens.
-C’est fascinant ! Donc ta voix intérieure te conseilles pour tout ?!



Au final, une nouvelle fois merci voix intérieure, grâce à toi, Toy Story 4 résonne encore dans mon cœur et m’a rappelé le plus important dans la vie: profiter de chaque instant de la vie tout en acceptant le fait que le temps passe, prendre soin de son âme d’enfant, rester inspiré par toutes les valeurs transmises par l’intermédiaire de Woody et ses amis, les appliquer et les partager. Bourré d’inventivités, excitant, délirant, intelligent et poignant, une page se tourne de la plus belle des manières. Une conclusion étonnante à hauteur de la renommée de la franchise où vous ressentirez la même émotion que celle éprouvée lors du final d’E.T. Merci Pixar.

Jay77
9
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le 26 juin 2019

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