On n'avait pas forcément anticipé ce type de brèche cinématographique dangereuse avec la sortie d'un film comme "Get Out" qui a réconcilié le cinéma de genre et un public afro-américain las de ses clichés habituels mais des producteurs flairant l'odeur de dollars faciles, eux, l'ont évidemment fait : surfer opportunément sur un tel succès en refaisant des films de genre qu'on a déjà plus ou moins vu avec des personnages blancs mais cette fois avec des acteurs afro-américains dans les rôles principaux pour que le seul argument de vente soit la nouvelle couleur de peau des héros...
"Traffik" est une espèce de prototype parfait de cette approche un brin bizarre qui, en plus, rajoute ici une donne sous-jacente assez nauséabonde en faisant de tous les agresseurs des héros des antagonistes blancs (rednecks, bikers, skinheads inavoués, etc)...
Pour son anniversaire, le fiancé de Brea l'emmène dans une superbe maison au fin fond de la forêt californienne. Après une altercation avec des bikers et une jeune femme bizarre dans une station service, Brea trouve un téléphone qui ne lui appartient pas au fond de son sac. À l'intérieur, elle découvre des photos de femmes semblant faire partie d'un trafic d'êtres humains...
Ajoutez un peu de musique avec une sonorité caricaturalement R'n'B et voilà, vous obtenez une approche inédite (enfin...) d'un couple afro-américain pris dans un thriller/survival de seconde zone où un couple de blancs insignifiants aurait à peu près fait la même chose... Tout y est : les panneaux "inspiré de faits réels" n'ayant absolument aucun sens au début et à la fin (le trafic d'êtres humains existe donc... voilà, c'est vrai), une héroïne/figure féminine trop forte, l'altercation/couillonnade obligatoire à la station service qui va déterminer tout le reste, des révélations sentimentales gênantes de facilité, le passage home invasion fatigué, les comportements stupido-irrationnels de certains (le meilleur ami aussi odieux qu'invraisemblable), la séquence avec l'aide du voisin qui ne demandait rien à personne, l'habituelle conspiration aux ramifications/twists "insoupçonnés" (haha), le tournant final en survival forestier et voilà... Vous obtenez un truc qu'on a déjà vu des centaines de fois que même une certaine efficacité (sa dernière partie) ne parvient à sauver de la montagne de clichés qui le recouvre. Habituels seconds couteaux de qualité, Paula Patton et Omar Epps font ce qu'ils peuvent pour faire exister leurs personnages mais rien n'y fait, "Traffik" est ce genre de film usé dès les premières minutes dont on se demande pourquoi on continue à le regarder jusqu'à la fin, surtout à la vue de ses arguments contestables de départ dans ce cas précis...
Mieux vaut ignorer ce genre de proposition opportuniste, stupide et réalisée sans inspiration, tout le monde y gagnera et ce, quelle que soit sa couleur de peau...