La scène d’ouverture donne le ton magique car enivrant de "Tralala" : la poussière d’un squat miteux près à être démoli qui devient poussière d’étoiles et source d’inspiration pour une prochaine chanson. C’est là que vit Tralala, sans-abri musicien de Paris. Un soir à perdre devant la gare Montparnasse, il tombe nez à nez avec un ange bleu, qui ne laisse qu’un indice à son départ : un briquet imprimé de Lourdes. Suivant sa trace, Tralala prend un train pour la retrouver et est accueilli au Santa Lucia, hôtel clandestin où séjournent d’autres démunis. Ici, Tralala va être reconnu bon gré mal gré comme Pat, le fils, le frère, l’amant, l’ami parti 20 ans plus tôt pour faire carrière dans la chanson aux Etats-Unis et que l’on croyait mort.


Les réalisateurs ont su faire un usage opportun de leur ville natale, Lourdes, décor de tous les possibles, de la rédemption comme de la passion charnelle. C’est bien dans cette ville que réapparaît Pat, un miracle que l’on célèbre dans une discothèque retapée pour l'occasion, sorte de grotte de Lourdes des temps modernes.


Les chansons, écrites par des grands noms de la variété française, collent avec l'ambiance bienveillante et enjouée du film, qui marque par sa fraîcheur le genre du film musical. Il y a un peu de "8 femmes" (Ozon, 2002) dans les chorégraphies, notamment la scène dans le magasin de vierges et un clin d’œil à Jacques Demy, lorsque la bonne sœur chante sa tirade.


Plus encore, "Tralala" s'ancre dans la réalité de la pandémie et ne la cache pas, nous renvoyant notre image de spectateurs masqués en miroir des scènes de foule filmées avec le masque. Le mantra "ne sois pas toi même", qui ponctue régulièrement l'histoire, est un contrepied philosophique au "connais-toi toi-même" cartésien. Il est l'occasion de survoler quelques questions existentielles sur l'identité et de tendre les bras à l'irrationnel, à l'excentrique. Bien que Tralala, en étant lui-même, n'en est que plus Pat...


"Tralala" met en musique l'amour, les joies et les peines, les déconvenues passées, les vies à (re)construire. Une belle odes aux occasions manquées et celles à saisir, aux vies qu'on aurait pu vivre, à la fraternité.

Nuwanda_dps
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le 13 sept. 2021

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Emilie Rosier

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