Haute Voltige

Dieu qu'ils sont beaux!

De Burt Lancaster à Tony Curtis en passant par Gina Lollobrigida, les 3 vedettes de ce numéro de haute voltige sont superbes.
C'est presque injuste!
Mais ils ne sont pas que beaux, ils sont talentueux et donnent beaucoup de crédibilité à un scénario très mélodramatique qui, dans d'autres mains que celles de Carol Reed et avec de moins bons acteurs, pourrait être sirupeux, larmoyant et un peu pauvre.

Trapèze, comme son nom l'indique, suit 3 artistes de cirque dont la soif de réussite est similaire mais pour des raisons différentes, avec des moyens différents.
Il y a Mike Ribble, ancienne gloire de la voltige, cloué au sol par une blessure à la jambe à la suite d'une tentative de triple saut. Burt Lancaster est très crédible an athlète, car il en est un, très crédible en trapeziste, car il en est un et il interprète avec retenue un poivrot détruit de l'intérieur. C'est un projet de coeur pour lui qu'il produit d'ailleurs.
Il y a Tony Orsini, le jeune prodige en quête d'un mentor et d'un exploit qui sera à la fois l'espoir de l'homme plus vieux mais aussi sa fin. C'est Tony Curtis qui s'y colle avec application puisqu'il suivra un entrainement intensif afin de faire bonne figure au côté de Lancaster et qui campe un jeune héros innocent et crédule, balloté entre l'homme qu'il admire et la femme qu'il croit aimer, manipulé par les 2 mais qui sort triomphant et plus expérimenté de ce duel à trois.
Et enfin, il y a Lola, la femme fatale, le poison, le serpent au Jardin d'Eden. Partout où elle passe, les hommes s'entredéchirent, la laissant victorieuse en pleine lumière. Elle n'est cependant pas totalement ignoble et toxique et son personnage se verra prendre un beau virage à 180, et sera sauvée par l'amour. Et il y a Gina, sublime et charismatique à la fois touchante et vénéneuse. Dire que Gina est belle est un euphémisme et penser que tous les hommes se transforme en pâte à modeler entre ses doigts n'est pas du tout impossible à croire. Gina, tout en regards de velours et corsets pailletés serrés au delà du raisonnable arrive à la rendre attachante cette vipère manipulatrice et dure. Elle aussi s'implique physiquement dans les cascades et cela force l'admiration.

On retrouve aussi l'excellente Cathy Jurado, dans un rôle secondaire sous-employé, comme la plupart des rôles secondaires dans le film, il faut bien l'admettre. C'est bien dommage, elle a beaucoup de présence mais elle est mal utilisée.
Le film manque un peu d'étoffe dans son arrière plan car extrêmement concentré sur ses 3 personnages principaux et leur buts : le triple saut et la gloire (par forcément dans cet ordre et pour tout le monde d'ailleurs)

Carol Reed apporte un belle ampleur à sa mise en scène lors des acrobaties aériennes et cherche des plans insolites pour déstabiliser le spectateur. Il sait aussi se faire intimiste au besoin, bruyant et presque brouillon pour rendre l'effervescence du cirque.
La réalité des cascades, l'implication des interprètes qui sont très reconnaissables ajoute un plus au scènes de voltige et on est vraiment happés dans le suspense. Les modélisations 3D c'est bien joli mais ça ne donne pas le même effet.

C'est une belle production qui navigue avec subtilité les eaux troubles du mélo, des clichés et de la facilité.