Trop Pas !

Sorti en 1994, Trauma est le premier film de Dario Argento dont la production est essentiellement américaine avec un tournage dans le Minnesota. Si le film possède encore quelques liens évidents avec le giallo , le film s'apparente ici bien plus à un thriller assez classique dans lequel le réalisateur de Suspiria semble bien peu inspiré et toujours sur la réserve.

Trauma nous raconte l'histoire de Aura Petrescu (Asia Argento), une adolescente perturbée de seize ans qui avec l'aide d'un journaliste tente de retrouver l'assassin de sa mère avant que ce dernier ne s'en prenne à elle. Le tueur qui décapite ses victimes avec l'aide d'un fil de fer mécanique semble lié au passé de Aura.

Si en filigrane le film traite vaguement d'anorexie à travers le personnage incarné par la jeune Asia Argento, on a aussi la sensation que c'est le cinéma tout entier de Dario Argento qui se retrouve ici dégraissé et asséché jusqu'à l’état d'un bien mince et fragile squelette. Même si l'on retrouve un mystérieux tueur ganté adepte de meurtres à l'arme blanche, il est bien ténu et précaire ce lien qui rapproche Trauma des figures classiques et imposés du giallo avec une intrigue qui au final va se révéler bien trop classique et même bancal et poussive dans sa révélation finale un peu ridicule. Malgré la présence de Tom Savini en poste aux maquillages et effets spéciaux et l'accessoire relativement original qui va servir d'arme au tueur, elle restera bien maigre la satisfaction pour l'amateur d'horreur graphique avec peu de scènes vraiment marquantes et surtout des choix plus que discutable comme cette décapitation par un ascenseur au départ assez réussi en matière de mise en scène mais totalement gâché par la ridicule chute de la tête qui hurle Noooooooooon dans un effet numéricomique dégueulasse et pas tout à fait approprié. Pas de grosse satisfaction non plus niveau casting malgré la présence de quelques poids lourds comme Piper Laurie, Frederic Forrest ou Brad Dourif mais dont les rôles s'avèrent trop anecdotiques et/ou caricaturaux pour vraiment rester en mémoire. Que dire alors de la très fadasse performance de l'acteur principal Christophe Rydell assez transparent et bien peu convaincant en journaliste, chevalier servant de la jeune Aura et dont toute la carrière constellé de DTV anonyme reste à l'image de sa performance dans Trauma. Il faudra aussi se coltiner une petite ribambelle de seconds rôles et de personnages annexes le plus souvent totalement inutiles à l'image de ce gamin blond binoclard qui semble avoir raté le casting de Maman J'Ai Raté l'Avion. Il reste Asia Argento que j'adore mais qui objectivement n'a pas encore trouvé ici toute sa mesure en tant qu'actrice et qui se contente d'habiter le film de son charisme, ce qui n'est déjà pas si mal. On restera également sur sa faim devant la partition bien peu inspiré et très ordinaire de Pino Donnagio que les producteur ont préféré au Goblin pour venir emballé l'ambiance sonore du film. Quant à la mise en scène de Dario Argento elle semble à l'image du film tout entier bien peu inspiré, trop sage et jamais en mesure de venir transcendé un récit trop mince pour exister par lui même.

Il faudra attendre la toute fin du film et même le générique de fin pour qu'une scène viennent enfin troubler la morosité et s'imposer dans les esprits. Encore faut il bien sûr connaître la petite histoire puisque dans ce générique de fin on voit un groupe de reggae dont on se demande un peu ce qu'il vient foutre là, avec une jeune fille qui danse et ondule sur la rythmique. Cette jeune fille n'est autre que Anna la demi sœur de Asia Argento, fille de Daria Nicolodi et c'est la première et dernière fois qu'on la voit sur un écran puisque la jeune fille décédera tragiquement dans un accident de scooter en 1994. Souffrant elle même d'anorexie, c'est assez troublant et touchant de la voir onduler tel une fragile brindille fantomatique donnant in extremis au film une occasion de nous perturber et nous émouvoir, ce qui reste quand même bien mince rapporté à l'intégralité du long métrage.

Trauma restera comme le faux départ de la carrière américaine de Dario Argento. Trop bordélique et inconsistant dans son scénario, trop sage et timoré dans ses excès, trop classique et sans fulgurance dans sa mise en image le film s'en va directement rejoindre la catégorie bien fourni des films moyens/pas bons du réalisateur.