La part des abeilles. Cinq familles sur trois périodes à la manière de Chroniques de San Francisco.

"Ma mère elle m'écoute toujours. Quand je suis dans la merde. Elle sait quand je suis con et faible. Et quand je suis bourré comme une baleine" (Arno chantant 'Dans les Yeux de ma mère')

Un film dont la qualité et le soin font plaisir à voir.

Mon texte n'est pas une critique, mais mes premières remarques (avec mini spoils) que je te dirais si on avait vu le film ensemble:

_____Il s'enrichit aux visionnages suivants. Il murit alors que d'autres films font pschiiit aux gorgées suivantes.

Il m'a rappelé 'La part des anges' de mon Ken Loach où le whisky était l'objet de la reconversion du délinquant, alors qu'ici c'est le miel.

Les deux voyous étant de milieux assez opposés. Un orphelin pauvre chez Loach et le fils d'un juge sévère chez Moretti.

Le ton de l'éducation ne fait rien à l’affaire, quand le fils est con, il est con?

Dans le Ken Loach (un de mes moins préférés de lui) la racaille handicape à vie un innocent puis accepte une réunion avec la victime et sa famille, genre médiation/réconciliation/pardon, puis sort de prison et se refait une vie , d'abord d'ailleurs par un vol, puis la découverte d'un centre d'intérêt puis une formation et enfin finit par devenir le double de sa victime du début du film car il finit aussi en couple et employé, se promenant, comme sa victime au début du film.

Dans le Nanni Moretti, le voyou ressuscite et se reconstruit en exploitant des abeilles, ces insectes autoentrepreneuses dont on ne sait pas faire le travail. (Elle contribuent, elles, à la survie et à l’évolution de plus de 80 % des espèces de plantes à fleurs. Sans parler de la production fruitière. Pourtant on empoisonne leur lieu de travail et on n'arrive même pas à s'organiser et attendre au moins qu'elles en rentrent avant de pulvériser un produit).

____je me demandais pourquoi un film de Nanni Moretti avait fait si peu de bruit à Cannes et pourquoi Nanni n'aimait pas mon Titane.

Mais maintenant que je l'ai vu, je comprends mieux: ils ne nous caressent pas dans le sens du poil et comporte notamment une fausse victime de viol, menteuse, ce qui n'est certainement pas à la mode. Voire un crime de lèse majesté dans un film de nos jours. Surtout que cette pseudo victime est exploitée et manipulée par deux générations de tordues de mère en fille qui veulent utiliser la petite fille pour se venger d'un homme innocent.

Mère et fille le détestent car il avait soupçonné leur mari et papa de pédophilie, sans doute à tort.

Le soupçonneux se retrouve accusé à tort. Et ne semble d'ailleurs pas percevoir l'ironie.

Le vieux papi babysitter avait perdu la tête: Paolo Graziosi (mort en 2022), une sorte de Robert Dalban.

Alzheimer au point de ne plus retrouver le chemin après une balade avec la petite fille.

Ils sont retrouvés en forêt: rappelant des contes dont le loup du Petit Chaperon.

Le père de la petite fille a toujours eu peur que le papi était un violeur...ce dont il finira accusé à tort lui même.

Cette question qui le taraude tant d'années: "qu'est ce qui s'est passé dans ce parc entre ma fille et ce vieux monsieur supposé la garder?" , me rappelle le film Doubt où Meryl Streep finit en pleurs comme le héros ici.

______je note que l'enfant du film (comme Greta Thunberg?) a remarqué la première que ça ne tourne pas rond, que le papi commence à perdre la tête, mais elle n'est pas écoutée par les parents qui travaillent et continuent donc à confier la garde à leurs vieux voisins, garde d'enfants si disponibles..."si pratique" dira le papa désormais soupçonneux et rongé de remords et inquiétude.

_____la bonne idée de la panne d'électricité (pas nouvelle) est elle une métaphore? La fin des Lumières? ... dans toute l'Europe? Les personnages sont perdus. Dans le noir en vrai et métaphoriquement?

L'Italie marche moins bien?

Le Temps des Loups commence?

(à suivre)

_____des résumés officiels et des textes reprennent le nombre de "Trois" familles, mais j'en compte au moins cing:

==> On oublie le couple des premières victimes, la femme tuée et son mari,

==> puis le couple des secondes victimes, les vieux voisins babysitter,

dont le mari est soupçonné de pédophilie par le bellâtre qui tentera même de l'étrangler sur son lit d'hôpital.

Le mari de le femme écrasée re apparait à la fin: il est vu en train de déposer des fleurs sur le lieu du crime puis on le retrouve récipiendaire des années plus tard du miel envoyé par l'assassin devenu apiculteur comme le reconverti aussi Arnaud Montebourg.

==> il y aussi le couple de l'avocate brune et maigre et du dessinateur ou architecte.

Sa femme est sans doute pas fan de sexe, marié à un bellâtre sportif (adepte du vélo en salle comme conseillé par Le Figaro...);

à partir du moment où il devient convaincu que leur voisin a abusé leur fille, sa femme le rejette et fait la grève du sexe.

Ce bellâtre est la cible de la petite fille des voisins qui l'aime depuis longtemps.

==> il y a le couple du travailleur détaché (qu'on aperçoit avec des ouvriers noirs derrière lui lors d'un appel vidéo) marié à une 'folle' qui a des visions; et dont la belle mère est folle aussi; en asile.

Son frère à lui est un Stéphane Plazza local croisé à Bernard Maddoff, qu'il soupçonne d'être un potentiel DSK ayant eu des vues sur sa femme 'folle'.

Sa femme n'a pas une araignée au plafond mais un corbeau noir sur la table.

==> il y a le couple qui travaillent pour le Justice du pays: lui est juge, elle est obsédée par son fils et l'aime no matter what, comme la mère dans la chanson d'Arno. La mère poule, la mère juive, la mère protectrice.

On apprendra que le mari juge organisait des simulacres de procès quand l'enfant avait fait une bêtise (mini charia familiale?), que le juge austère interdisait les bains et baignoires et ...rentrait dans la cabine d'essayage de sa femme pour influencer ses tenues vestimentaires , notamment en les maintenant très couvrantes et de couleurs sombres...pas barbu pour rien le Nanni Moretti!

___donc 5 familles au moins,

deux frères qui se disputent

et un père et son fils se haïssant

Ce qui fait dire à certains que c'est un charabia de soap genre Plus Belle La Vie. (si le film était coréen ou taiwanais, ce film européen ne serait peut-être pas ciblé de ce genre de critique).

Car c'est omettre ses qualités du montage, de l'écriture, des acteurs.

Le film fait allusion à des danses clandestines et flashmobs illégales de tangos et mazurkas lors de secrètes milongas: je me demande si le montage et le rythme d'intervention et apparitions à l'écran des couples et des personnages, ne dessineraient en fait pas un tango visuel pour les couples et mazurkas avec les autres personnages?

(mazurka, "danse à trois temps", comme les trois périodes du film?)

Elle voit des naines de partout, elle voit des corbeaux de partout, il voit des pédophiles de partout:

___un point commun chez les hommes du film est la mauvaise foi têtue et manque de vergogne qui enveniment les conflits et ressentiments car ils ne S'EXCUsENT PAS:

le jeune délinquant ne s'excuse pas et a le culot d'être carrément le plus en colère;

le père obsédé par les pédophiles ne s'excuse pas, notamment de la tentative d'étranglement.

Amusant que la seule traitée de paranoïaque est la belle-mère en asile (en "phase de dissociation...se sent menacée"); elle est elle en asile, pendant que celui qui semble intégré dans la société voit des pédophiles de partout.

Auteurs et suçage de doigts:

____ un autre détail est le fameux suçage de doigts dans les films d'auteurs: Deneuve suce celui d'Yves Montand dans *********?; Azema suce celui de Dussolier dans Mélo et ici encore, une jeune femme d'abord repoussée, finit par convaincre et baisser la garde d'un homme en lui suçant soudain le doigt...le trentenaire entrainé dans le coït consenti est d'ailleurs aidé par la privation de relation sexuelle par sa femme depuis quelques temps.