Tremor Iê
Fiche technique
Pays d'origine :
BrésilDurée : 1 h 28 minRéalisateurs :
Elena Meirelles, Lívia de PaivaSynopsis : Les dystopies, c’est connu, sont des détours pour pointer notre maintenant. Sans décors coûteux ni effets spéciaux, la Fortaleza dépeinte ici, choix décisif, est la ville d’aujourd’hui, si ce n’était ses gardes affublés d’étranges tenues et la présence de slogans lancinants débités depuis des haut-parleurs. Voici donc le cadre sans équivoque, pour une action située dans le futur proche d’un passé récent – les manifestations de 2013 qui ont secoué le Brésil – où l’on suit Janaína, tout juste échappée de prison, et ses amies retrouvées. Traversées nocturnes dans une ville évidée sous domination paternaliste, hygiéniste et machiste, fondements de la lutte pour ce groupe marginalisé constitué de femmes noires ou lesbiennes ou pauvres, dans cet univers normatif, échos évidents à un certain Brésil. Les réalisatrices Elena Meirelles et Lívia de Paiva (FIDLab 2018), et leur troupe aux rôles divers (certaines sont alternativement à l’écriture, devant ou derrière la caméra) offrent comme un contre-feu un film nourri du croisement des genres. Le jeu est souvent hiératique, revendiquant une politique des corps, mêlant situations stylisées et ressorts du film d’action. Un film à l’économie modeste qui entend répondre à l’urgence, antidote aux sombres fictions politiques réalisées et au retour des spectres. L’humour y est parfois grinçant : voyez cette histoire des cendres du premier président issu du coup d’état de 1964. Mais aussi un chant impatient à la fureur sourde, au diapason des paroles martelées du rap ouvrant le film : « politise-toi, organise-toi, ne sois pas paralysé ». Pour accueillir les commencements possibles et les luttes à l’œuvre, comme en témoigne la dédicace finale à Marylucia Mesquita Palmeira, Marielle Franco et Luana Barbosa. (N.F.)