Sacré pète rétine que ce marathon virulent dans les favelas de Rio de Janeiro où les membres d'une troupe d'élite de la police brésilienne livrent une guérilla sans merci aux narco-trafiquants qui y règnent en maîtres incontestés. Avec Troupe d'élite, José Padilha assène un high-kick rageur à bon nombre d'idées reçues pour crier haut et fort son point de vue sur les forces en présence dans son film.


Il est certain que le sujet peut faire naître les débats et il est difficile, pour un européen peu informé comme moi, de véritablement cerner tous les enjeux en présence. J'émets par exemple quelques réserves quant à cette intégrité sans faille dont le réalisateur affuble son bataillon de choc, même si, apparemment, le film n'est pas très loin de la réalité. Concernant sa critique acerbe des classes aisées qui profitent du malheur de leurs voisins, c'est bizarre, je suis plus enclin à l'accepter sans réserve, même si encore une fois, elle manque de nuance.


Toutefois, difficile de contester cette prise de position extrême. Le sujet est sensible et opter pour des stéréotypes bien marqués permet à José Padilha de faire passer son message sans concession. Il s'offre ainsi des séquences à couper le souffle, usant pour l'occasion d'une réalisation brute de décoffrage qui ne manque pas de désarçonner son spectateur. Ce dernier est propulsé au coeur de l'action, les balles font siffler ses tympans alors qu'il est aux premières loges pour participer aux assauts répétés des personnages en mouvement. En matière de mise en scène et d'immersion, Troupe d'élite est bluffant d'intensité.


Une dynamique picturale nécessaire, en phase totale avec le traitement brutal que fait Padilha de chacun de ses fils narratifs. Que ce soient les descentes de l'escouade dans les favelas, les phases de révoltes du protagoniste ou encore l'illustration des démons qui assaillent le narrateur de l'histoire, tout est traité de manière très frontale. L'audience en prend pour son grade sans jamais pouvoir jamais reprendre son souffle.


Résultat, lorsque l'écran s'éteint, que les coeurs reprennent leur rythme de repos après avoir été mis à rude épreuve pendant près de 2H, un sentiment de fascination se fait intense pour un film entier imposant son sujet à coup d'uppercuts picturaux qui témoignent à la fois d'une féroce rage critique et d'une maîtrise technique évidente.

oso
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le 10 mars 2016

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