True Story s’ouvre sur Mike Finkel en reportage en Afrique, interviewant de jeunes enfants victimes des horreurs de la guerre et de l’esclavage moderne. Le jeune journaliste, en route pour le Pulitzer, tient ici sa dixième couverture du New York Times, et rien ne semble l’arrêter… Jusqu’au moment où, tenté par la vérité de modifier les évènements pour que son travail ait plus d’impact auprès du public, il finit par y céder puis en paye les conséquences lorsque le voile tombe et que la supercherie est révélée aux yeux du monde entier. Devenu un paria de la presse écrite, Mike Finkel cherche donc désespérément un nouveau sujet qui lui permettrait de renouer avec sa gloire passée.
C’est alors qu’il tombe par hasard sur un fait divers assez sordide, celui du meurtre d’une famille américaine moyenne par le père de famille. Christian Longo est accusé d’avoir tué sa femme et ses trois enfants, et durant sa cavale l’ayant mené jusqu’au Mexique, il utilisait comme nom d’emprunt celui de Mike Finkel. Ce dernier pense alors tenir ici sa revanche dans le monde de l’édition et se rêve déjà comme le digne successeur de Truman Capote, mais il n’était pas prêt de se douter ce qu’il l’attendait vraiment…
Dans l’ensemble, ce film fait preuve de bonnes intentions. Le récit, inspiré d'une histoire vraie (avec le titre, cela ne s’invente pas), relate bien les faits tout en essayant de garder une vision assez objective des choses. L’intérêt du métrage est justement de ne pas avoir pris position pour un côté ou l’autre des personnages. Ce choix de mise en scène permet ainsi de renforcer la sensation de piège qui se referme petit à petit sur le journaliste Mike Finkel, en proie au doute sur la culpabilité - ou non - de l’homme qu’il visite chaque semaine au pénitencier. Plus drame que thriller, le film cherche à démontrer les multiples manipulations et le doute qui peut s’immiscer à l’intérieur de chacun de nous.
Le casting est également un point fort du film: Jonah Hill, qui nous avait habitué à des films plus légers au début de sa carrière, semble ici enfin décider à ne jouer plus que dans des films adultes, voire d’auteurs. Sa prestation d’homme peu à peu déboussolé est convaincante, quoi que parfois un peu trop en retenue.
Pour lui faire face James Franco fait aisément le poids. Plus habitué des petites productions et des films d’auteurs, Franco a le regard parfait pour interpréter un homme souffrant d’un évident trouble du comportement à tendance narcissique. Il cache derrière des expressions du visage assez neutres une certaine malice, montrant sa volonté de manipuler les autres pour arriver à ses fins et cacher sa folie.
Si le film est assez académique par moments et souffre de certaines longueurs, quelques plans esthétiques savamment orchestrés par la caméra sauvent le film d'un point de vue formel. L’ambiance lourde est bien retranscrite parmi les paysages froids et glacés de l’Oregon, on peut ressentir toute la tension du procès et ses conséquences.
La lente descente aux enfers psychologique du journaliste, qui se retrouve pris au piège de son propre livre, est quant à elle assez fascinante et la conclusion finale n’est que l’aboutissement d'une juste logique des choses. N’est pas Truman Capote qui veut.