Ce film m'avait laissé un souvenir impérissable lors de sa sortie en salles, dû sûrement en grande partie aux couleurs qui se projettent partout. Il faut dire qu'entre ces feux de joie qui lancent au sol des ombres multicolores et le pays, le mouvement, distordus par des perspectives exagérées, ce film est assez marquant (surtout sur grand écran).
Les dessins de Solotareff sont très beaux, et font le plus gros du film.
L'histoire elle-même me semblait à la fois drôle, poétique et grinçante. Même après avoir vu ce film pas mal de fois (mais il y a un moment), je craignais un peu la déception de le voir à nouveau. En effet, même si je l'aime toujours beaucoup, ce film ne me semble plus vraiment exceptionnel.
L'histoire est très touchante, surtout les personnages de U et de Lazard. Malgré tout, ça reste un peu sage en comparaison de l'univers et du dessin, d'autant plus vers la fin quand il faut forcément que tout s'arrange pour le mieux, les méchants sont punis et les gentils vivent heureux jusqu'à la fin des temps (sans faire d'enfants, ils sont eu-même tous de grands enfants). Ça manque aussi un peu d'imaginaire et de quelque chose d'un peu hors du commun, qui se rapprocherait plus de ces drôles de personnages.
À l'inverse l'ambiance a quand même quelque chose de très réaliste (pas le traitement graphique, pas vraiment, mais plutôt dans la perception que l'on en a). On se sent vraiment comme dans la tête de quelqu'un, avec ses sentiments en vrac, son imagination, ses peurs et sa perception des évènements (et à nouveau c'est dommage que l'histoire n'accentue pas ça en prenant pus de distance ou bien en s'intégrant dans un personnage en particulier). Le film a quelque chose d'un peu plat (un peu creux ?) qui lui fait perdre de la magie et la poésie que je lui avait vu enfant. Ça reste malgré tout le genre de dessin-animé que je pourrais sûrement revoir avec plaisir dans quelques années.