Une longue averse
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le 28 sept. 2017
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Depuis Bruno Dumont et son mémorable détour vers la comédie, on accueille avec moins d’appréhension ce type de reconversion, qui peut occasionner de très belles surprises. En voici une nouvelle preuve en la personne de Claire Denis, qui, peu habituée à ce registre, y fait une entrée tout à fait remarquable.
Soit la destinée d’Isabelle, divorcée et en quête du véritable amour. Reconnaissons qu’on a connu pitch plus vendeur, mais c’est précisément la banalité, voire la vanité de cette quête universelle qui intéresse la cinéaste, et avant elle Christine Angot (si, si) à l’écriture.
Le défilé des prétendants plus ou moins rustres, plus ou moins machos, dessine dans un premier temps à portrait à charge du mâle contemporain, qui prend cher dans ce jeu de massacre qui n’épargne pas non plus les femmes, Isabelle n’hésitant pas à se joindre à des stratégies comme « Je vais laisser pourrir la situation par lâcheté ».
Juliette Binoche campe avec un plaisir communicatif un personnage insatisfait et instable, qui fracasse sur des êtres médiocre le reflet de ses propres manquements.
C’est justement dans ces duos à variations que le film prend toute sa saveur, et joue d’une distance qui lui permet de renouveler à la fois la comédie, mais aussi et surtout le film d’auteur cher à la tradition française.
Car ici, on parle, à n’en plus finir, on devise et on s’affronte, on se questionne et on se contredit, on enquête et l’on contourne. La discussion est un gigantesque leurre par lequel on croit affirmer ou accéder à la vérité de l’autre, mais qui se résume surtout à une danse folklorique dans laquelle on n’a aucun partenaire réel.
Les situations vont loin, et dans leurs meilleurs moments, côtoient un absurde assez bienvenu : des interventions de Katerine (le chanteur) comme un poisson dans l’eau chez le poissonnier à un délire pseudo lyrique sur le paysage en passant par une dissertation sur la nécessité de ne coucher qu’au sein de sa classe sociale, les thèmes s’enchainent comme des sketches sans que cela nuise pour autant à la dynamique générale.
En résulte un film frais, un peu cruel, fantasque, et qui moque avec malice les travers d’une Nouvelle Vague qui déferle encore un peu trop de nos jours dans la production hexagonale. Le point d’orgue, duo avec Depardieu dans un rôle très proche de son caméo dans Le Grand Soir, et totalement en roue libre, achève de revigorer et de faire de cet objet insolite un rayon de soleil bienvenu dans les territoires désertés de la comédie.
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le 27 sept. 2017
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