Les frères Clemens, aussi crasseux que bas du front forment de piètres hors-la-loi, mais n'en restent pas moins de dangereux bandits malgré leurs maigres butins récoltés au gré de leurs attaques toutes plus claudicantes les unes que les autres. Ce trio, qui a la caractéristique de partager un cerveau pour les deux ainés, Emmett et Frank (Ernest Borgnine et Jack Elam), les quelques synapses restantes étant l'usufruit du dénommé Rufus Clemens, fuit l'armée mexicaine après un énième échec à mains armées. Pourchassés par les soldats, les Clemens s'arrêtent à un relais pony express pour y voler des chevaux. Fraichement accueilli par le propriétaire, Rufus (Strother Martin) tue ce dernier et est réquisitionné pour récupérer quelques victuailles lorsqu'en ouvrant la porte du relais postal Rufus découvre... le décolleté de Mme Caulder.
Violée, battue, Hannie sort in extremis de son ancien foyer en proie aux flammes découvrant le cadavre de son mari abattu dans le dos. Habillée d'une seule couverture faisant office de poncho, la désormais veuve enterre son défunt conjoint avant d'errer le fusil de ce dernier à la main. Dans la nuit, elle fait la rencontre d'un chasseur de primes (Robert Culp) essayant en vain dans un premier temps de le convaincre à lui apprendre le maniement des armes à feu. D'abord réticent à assouvir la soif de vengeance de la brune meurtrie, Thomas Luther Price lui propose de le suivre jusqu'au Mexique où un ami fabricant d'armes (Christopher Lee) pourra lui concevoir un calibre plus adapté à son gabarit. Price va alors lui enseigner son art délicat... en espérant au fond de lui même qu'Hannie renonce au cours du temps à cette vendetta.
Un colt pour trois salopards (pour la version française) en dépit de son action et de son casting est une production britannique, un détail semble t-il pour cette série B mais qui range au contraire cette dernière dans la catégorie du cinéma d'exploitation européen, celui même qui depuis un peu moins de dix ans réalisa du côté de la Cinecittà une table rase (salutaire) des codes (vieillissants) du western étasunien. Le film joue dès lors pleinement la carte du renouveau avec sa plantureuse vengeresse, son trio comique d'affreux, sales et méchants et les deux figures tutélaires proche des westerns classiques joués par Culp et Lee.
Contrairement à ce que laissait craindre la filmographie anodine du réalisateur ou les affiches racoleuses, Burt Kennedy met en scène un film efficace: violent, âpre par moment (la scène de viol bien entendu) mais non dénué d'humour, le trio mené par un savoureux Jack Elam cabotinant à loisir, et de glamour. Miss Welch crève sinon l'écran, cette dernière rend tout du moins une copie crédible, plus que l'image réduite que laissait prétendre son physique avantageux... physique néanmoins mise en valeur sous forme de clin d'œil par plusieurs plans et situations sexy. Et si cette histoire de vengeance reste rudimentaire, le film a l'avantage d'aller à l'essentiel offrant ainsi à Raquel Welch le premier film de pistolero au féminin.
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