Un enfant de toi par Patrick Braganti
Le dernier film vu en 2012 aura été hélas une énorme déception, une purge pour être tout à fait franc. On est prêt à accepter le rythme lent, les dialogues écrits et littéraires, l'ancrage dans un monde privilégié socialement et donc très éloigné des préoccupations matérielles. De la même manière, on sait qu'il s'agit ici de marivaudage, de jeux de la séduction et de la (re)conquête, de l'impossible deuxième amour. Mais pour que cela fonctionne, il faut aussi y trouver plusieurs ingrédients : la souffrance et la cruauté sont des notions inhérentes aux relations amoureuses. On ne les sent jamais chez le quatuor qui se croise deux à deux et se retrouve parfois autour d'un repas. Il faut aussi une écriture, fût-elle littéraire, qui exprime le tourment et les affres des personnages et ne se résume pas à une enfilade de formules creuses, sonnant faux. Et c'est bien cette impression générale de fausseté et d'artifice qui plombe l'ensemble. Le jeu des deux comédiens Lou Doillon et Samuel Benchétrit, ânonnant et susurrant des textes auxquels ils ne semblent jamais croire, est totalement effroyable, arrogant de nombrilisme et prétentieux. Même celui qui réussit à filmer l'enfance comme personne - souvenons-nous du Jeune Werther, de Ponette ou encore de Petits Frères - rate ici le personnage de la petite Lina. Le tout devient donc agaçant et horripilant parce qu'il n'en finit pas de révéler la vacuité et l'inconstance de personnes pour lesquelles on n'éprouve aucune sympathie ni la moindre affection. Leurs petites histoires de cœur fortement prévisibles et d'une convention presque détestable ne nous intéressent jamais, en dépit de la photographie lumineuse qui les met en valeur et de la beauté indéniable des longs plans-séquences auxquels le réalisateur du Petit criminel nous a depuis longtemps accoutumés. Un couple parfait en 2005 sur une trame voisine était autrement plus convaincant.