Coquille vide

Quand on aime comme moi explorer la face obscure du cinéma et déterrer des œuvres totalement perdues dans les limbes parfois très profondes de l'oubli, on ne ressort pas toujours des pépites de ses sombres explorations. Un Escargot dans la Tête de Jean-Etienne Siry est un film français de 1980 qui avait attiré mon attention pour son titre étrange, son affiche plutôt réussi et surtout la promesse d'un drame aux frontières de la folie et du fantastique. Au bout du compte c'est surtout un sentiment d'ennuie qui prédomine et la sensation d'assister à un film un petit peu prétentieux comme une grosse coquille vide.

Un Escargot dans la Tête raconte l'histoire d'une jeune femme écrivaine et d'un artiste peintre qui se rencontrent dans un hôpital psychiatrique alors que tout deux souffrent d'addiction et de dépression. Ils se retrouveront plus tard en dehors du cadre hospitalier et auront une liaison amoureuse après un bref séjour à la campagne. Après avoir mangé des escargots les deux personnages vont commencer à souffrir de cauchemar et d'hallucinations en rapport avec les gastéropodes.

Un Escargot dans la Tête est un film assez curieux qui met un temps fou à nous installer dans une histoire qui finalement ne raconte pas grand chose si ce n'est les états dépressifs de deux personnages torturés par des failles amoureuses. La plupart du temps le film est assez plat tant visuellement que narrativement et entre deux bâillements on attend surtout les séquences oniriques avec les escargots pour nous sortir un peu de notre torpeur. Ces trop rares scènes orientées vers l'étrange et le fantastique constituent sans conteste le meilleur du film, Jean-Etienne Siry réussissant à créer par ces choix de mise en scène des petits moments assez anxiogènes et suffisamment bizarres pour susciter quelques frissons comme une lors d'une éprouvante séquence d'accouchement. Le film dans sa globalité reste assez particulier comme un mélange de drame intimiste et psychologique un peu chiant avec des morceaux d'attaques d'escargot dedans dont une est carrément filmé en vue subjective façon slasher comme si on avait affaire à Michael Myers version gastéropode, et une attaque d'escargot qui se traîne par terre c'est beau mais putain c'est un peu long.

Visuellement et techniquement le film est assez pauvre et de nombreux dialogue sont même souvent limites inaudibles, pourtant il y-avait bien un perchman sur le tournage puisqu'il laisse parfois négligemment pendouiller un bout de micro dans le cadre. Le réalisateur Jean-Etienne Siry qui a tourné quelques films érotico-pornographique gay et connu une belle carrière de graphiste en faisant des affiches de cinéma (Les Tontons Flingueurs - Robinson et le Triporteur - Le Doulos) terminera visiblement sa carrière de metteur en scène avec ce film. La direction d'acteur est plutôt correct et sans grosse tête d'affiche le film s'offre un casting solide avec Florence Giorgetti ( La Grande Bouffe - Calmos), Renaud Verley (Les Damnés - Les Cloches de l'Enfer) et Jean Claude Bouillon ( Les Brigades du Tigre) mais il est objectivement très difficile de vraiment accrocher aux personnages et surtout à leurs histoires romantico-psychologique assez vaines.

Etrange et singulier , Un Escargot dans la Tête reste un véritable film d'auteur dans lequel surnage quelques obsessions de son réalisateur (Art graphique - Homosexualité) mais l'ensemble, même si l'expression coquille vide est un peu exagéré, me laisse plutôt de marbre tout en reconnaissant au film quelques moments vraiment réussis.