Psychologie au fin fond de la campagne américaine. (spoil)

C'est du cinéma psychologique. Le cancer de la matriarche et la mort du patriarche sont l'occasion pour la famille de se réunir, et de créer par là même un tableau pittoresque où chacun donne à voir son caractère. Si le procédé peut paraître à la fois fort simple et efficace, il est limité en ceci que chaque personnage n'a de cesse de répéter, dans ses gestes et ses paroles, qui il est. Ivy dit : "je suis la fille qui est frustrée d'avoir dû se dévouer", Karen : "Je suis la fille superficielle", Charles Junior : "je suis le garçon que tout le monde prend pour un benêt".

Néanmoins le personnage de la grand-mère sort du lot par sa dimension grotesque. Il associe en lui les contraires, la force et la faiblesse : elle est forte en ceci qu'elle s'est élevée au rang de matriarche qui domine la maisonnée par son cynisme et son assurance ; elle est faible en tant que vieille personne affaiblie par la maladie, obligée de se réfugier dans la drogue pour résister à la douleur.
C'est un être de répulsion : la moitié du film raconte l'arrivée des personnages à Osage County ; le milieu est occupé par le dîner, au cours duquel la grand-mère perd son rôle de matriarche à cause de son cynisme. La dernière partie raconte comment chaque personnage quitte, voire fuit la maison familiale après tous les différends qui sont survenus (révélations, fumette de nuit, etc.), et à la suite desquels la vieille femme se retrouve seule.
Il en va de même pour la fille préférée, Barbara ; femme forte qui prend les commandes de la famille lorsque la mère se met à dire leurs quatre vérités aux autres, elle n'arrive cependant pas à garder son couple stable, car elle est trop forte pour son mari qui décide d'en trouver une plus jeune.

Ce film comme fresque psychologique d'une famille en pleine rupture en profite pour peindre une société rurale américaine tourmentée et qui vit dans la passé ; en témoignent le suicide du grand-père, le rabâchage de la grand-mère et de la tante qui semblent nostalgiques de leur époque, et la solitude finale de Violet qui pleure la faiblesse qu'elle a eue de laisser mourir son mari.

Le film suit donc toutes les étapes d'une réunion funéraire de famille, des retrouvailles à la destruction des liens qui unissaient les membres entre eux à cause des frustrations et des faiblesses des uns et des autres, de telle sorte qu'il ne semble rien en rester à la fin ; le mouvement centripète laisse place à la désillusion des retrouvailles, puis au mouvement centrifuge. Le tout est rendu pesant par un pathos larmoyant accentué par l'accompagnement musical.
Gepolo
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le 27 févr. 2014

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