Un fils par Iaoranamoana

Ce film est une pépite. Outre le fait de traiter 'un sujet fort et toujours d'actualité, on suit le parcours d'une mère en plein doute.

Bref. On a une nana, la gentille Michelle toujours impeccable capillairement parlant, qui est conseillère dans un planning. On la sent pro, on la sent à l'écoute, bien dans ses pompes. Une jeune se présente et lui dit qu'elle a été violée. On aborde tout de suite le vif du sujet : comment se défendre, comme dépasser la honte, comment se sentir victime ? Pas de témoins, parole contre parole. Notre chère Michelle fait bien son taff, la petite semble vouloir se confier à sa mère. Puis elle révèle le nom de son agresseur. Pas de bol, c'est un des fils de Michelle.
Et là, tout dérape, on est embarqué. On devine que la sexualité, l'intimité, sont des sujets tabous dans cette famille, malgré le travail de la mère. On voit cette professionnelle se perdre et devenir une mère perdue, qui n'arrive pas à y croire, qui remet tout en doute. Et là où c'est bien filmé : on finit par douter, également, de la voix de cette jeune qui seule, comme beaucoup de femmes violées, porte son histoire. Et quelle horreur de se rendre compte qu'on doute. La fratrie fonctionne bien également comme jeu de regard, avec le petit frère qui s'identifie, finalement, à ce grand frère que tout le monde sait violeur mais que personne n'assume. Et cette petite soeur qui ne sait pas où est sa place entre sa loyauté envers son frère et son statut de femme qui pour certains, la résume à être une pute si elle est provocante. Ce dernier sujet est abordé d'ailleurs, puisque la jeune Léa aime bien en soirée bouger son boule en soulevant son teeshirt. Le père conclue "tu vois elle est pas farouche !" et la mère disparaît pendant un instant, pour être remplacée par la professionnelle lucide "non mais ça veut rien dire", très vite remise de côté par cette mère qui cherche à excuser son fils. Et le secret qui finit par pourrir la famille de l'intérieur, tout le poids des non-dits.

Néanmoins je suis un peu déçue par la fin. Pas déçue, plutôt secouée. Même si elle vient d'une décision du fils, qui a donc décidé d'assumer ses torts, d se reconnaître comme agresseur, permettant alors, on le devine, la réparation, la loi symbolique et morale, il manque la loi de la société. Il manque ce regard officiel. A la fin du film, le garçon avance. Léa non. C'est à la fois injuste en tant que spectateur et malheureusement terriblement réel. On a suivi l'agresseur, c'est le propos du film, on a décortiqué les sentiments de la mère, tout ce que ça implique. Et Léa, à la fin, va recevoir une pauvre lettre.