Après avoir dirigé Arnold Schwarzenegger dans Jumeaux, Ivan Reitman retrouve l’acteur pour la seconde fois avec « Un flic à la maternelle », petite comédie/thriller ô combien divertissante et gentillette. Schwarzy lâche les armes et change de nouveau de registre pour jouer les maitres d’école dans une maternelle. Cette fois, le chêne Autrichien trouve les adversaires les plus redoutables qu’il n’est jamais affronté : des gosses !
Mission infiltration dans une maternelle
« Un flic à la maternelle » et moi, c’est une longue histoire d’amour qui a commencée à l’âge de 6 ans, époque où je suis tombé en pleine « Schwarzymania » et n’en sorti plus jamais. Après Le contrat, Commando, Predator, et bien avant Terminator 2, Arnold Schwarzenegger décidait d’abandonner un temps l’action pour s’essayer à la comédie. Pas de bastons ni d’explosions ?!
Contrairement à ce que les premières minutes laissent paraitre (encore souligné par l’entrée « classe » de Schwarzy), vous n’allez pas voir un énième film où vous pouvez sans problème mettre votre cerveau sur off. Ici, on change vos habitudes et les habitudes de Schwarzy qui, cette fois, surprise, a droit à bien plus que deux lignes à lire dans son script. L’acteur troque ses flingues contre un sifflet, endurci des gamins perturbés, et transforme la mascotte de la classe en furet. Au départ, John Kimble est du genre flic pas commode, mal rasé, mal coiffé, cynique, adoptant un look sombre digne d’un flic Texan impitoyable. D’ailleurs, il est clairement impitoyable, optant pour des méthodes expéditives, gâchant les fiestas des dealers. Ca, c’est une carapace forgée depuis que sa vie personnelle a lamentablement échouée.
Le vrai John, il va petit à petit percer la carapace pour se dévoiler au grand jour. Remercions ce petit imprévu, remercions Phoebe, sa partenaire, d’avoir eu les yeux plus gros que le ventre et tombée gravement malade au point de devoir céder sa place à son collègue pour jouer le prof. Relooking total, nouvelles attitudes, c’est un homme nouveau, tout le contraire de ce qu’il montrait depuis le début de notre film. Très vite, idée de génie coté mise en scène, Ivan Reitman fait basculer le thriller d’action classique 100% Schwarzy, 100% action hero invincible, 100% au dessus de tout, en une comédie bon enfant hilarante.
Il faut voir le premier jour de classe de notre héros pour s’en rendre compte. Aux yeux des bambins, John, c’est un géant, et ce n’est pas la manière dont la caméra se déplacera qui nous prouvera le contraire. Timide, mal à l’aise, maladroit, John ne sait absolument pas quoi dire, ni quoi faire. Il est paumé. On ne lui en veut pas, il n’a jamais enseigné de sa vie, il a toujours botté le popotin des criminels. Les enfants, ils ressentent que leur nouvel instituteur à peur et résultat, ils le mènent par le bout du nez (comme il le dit si bien). C’est la panique dans la classe, sous les yeux médusés de la directrice (interprétée par Linda Hunt, un petit bout de femme charismatique et délirant), se demandant si elle ne va pas renvoyer le petit nouveau.
C’est alors que la colère monte. John, il ne va pas se laisser marcher sur les pieds par des sales mioches. Il en a maté des plus costauds ! Il pousse la gueulante, tente de les attendrir avec son petit furet parce qu’en hurlant, il les a traumatisé les pauvres gosses. Ca marche, heureusement. Bien plus tard, après avoir pris ses marques, du type timide, le flic devient un homme strict, sévère et autoritaire, proche du Sergent Instructeur Hartman (Full metal jacket) mais en plus beaucoup plus soft. Là, plus personne ne moufte.
A mesure où les jours défilent, revirement de situation, John s’attachera aux enfants et inversement. Il leur enseignera le respect, le dépassement de soi et le courage. Tout en jouant les profs dont tous les gosses rêveraient d’avoir, tout en se permettant même de pousser la chansonnette en tenue de fermier, faisant l’objet de convoitises des mères célibataires, s’occupant de tous ses enfants et de leurs soucis respectifs (comme Zach victime de violence parentale), il mène son enquête, tombant accidentellement amoureux de Joyce, sa collègue et mère d’un de ses élèves.
John ne s’attendait pas à tomber sous le charme d’une femme, résultat, il crève de trouille à l’idée que cette femme pourrait avoir un rapport avec son affaire. En parallèle, Phoebe, notre grosse bâfreuse au caractère fort, interprétée par Pamela Reed, continue à marcher brillamment sur les plates bandes de Schwarzy. Là encore, on se marre devant les dialogues et situations cocasses, faisant par ailleurs la connaissance de certains enfants.
Chacun à sa personnalité, chacun à sa petite histoire :
• Emma (interprétée par Sarah Rose Karr que l’on retrouvait 3 ans plus tard dans Beethoven), petite fille mignonne mais au caractère bien trempé et à la petite vessie. Elle n’aime pas l’autorité.
• Sylvester, futur petit pervers qui aime regarder sous les jupes des filles et…jouer à la poupée.
• Zach, introverti, toujours dans son coin, un peu colérique, cachant un lourd secret que John tentera de découvrir (là, virement dramatique intense).
• Joseph (interprété par Miko Hughes qui donnait la réplique à Bruce Willis dans Code Mercury), fils de gynécologue, faisant une fixation sur les pénis et les vagins. Futur coureur de jupon.
• Un autre gosse, sans aucun doute très perturbé, semble obsédé par les maladies et la mort. Futur croque-mort ?
« Des gosses de 6 ans, ça doit pas être bien terrible. A la
réflexion…gardez le revolver… »
Schwarzy, cette montagne de muscles qui s’adoucissait avec le temps
Au-delà de tout cet humour, de ce plaisir de voir Arnold Schwarzenegger montrer ses talents de comique, il y a aussi de la tendresse, de la dramaturgie, du sérieux, une authentique volonté de montrer qu’un action hero, ça a un cœur. Ici, bien plus fort que dans Jumeaux, Schwarzy est montré sous son meilleur jour. On s’attache au personnage prenant sa nouvelle fonction d’instituteur très à cœur, on éprouve pour lui une réelle empathie. Quant à Phoebe, elle sera son ange gardien, sa confidente l’aidant à prendre les bonnes décisions.
On n’oubliera pas pour autant notre enquête policière qui prendra un virage à 100 à l’heure lors de la dernière demi-heure. La comédie joyeuse et tendre laissera place à un thriller sombre et angoissant. Angoissant pour les protagonistes, angoissant pour nous, spectateurs qui portons désormais dans notre cœur nos héros.
Loin derrière Jumeaux, loin derrière Junior, Un flic à la maternelle c’est l’occasion de prouver que Schwarzy, ce n’est pas qu’une brute épaisse juste bonne à jouer dans les films d’action. C’est un homme bien qui a de vraies valeurs humaines et qui aime les enfants. Pour accentuer toute cette tendresse, on accompagne le tout par des musiques toutes mignonnes, parfois plus matures et angoissantes lorsqu’il s’agit de montrer du danger. Trois films en un. Une surprise de taille.
« Si tu étais une mouette et que tu vivais dans le ciel, le vent te
porterait en passant sous ton aile. Et tu dirais au vent quand il te
porterait : c’est là que je voulais passer la journée. Où m’entraine
le vent ? Je ne sais pas trop. Ca n’est pas important, où vont les
oiseaux ? Dans les champs ensoleillés où poussent les coquelicots,
loin très loin, très loin, je ne sais pas trop. »
Au final, Schwarzy à contre-emploi, cassant son image de gros balèze « bête » et bourrin dans une enquête policière captivante et une comédie bonne enfant, ça vaut vraiment le coup d’œil, que vous soyez détracteurs ou non de l'acteur. L’intrigue tient la route, les dialogues et la combinaison film Policier/Comédie/Drame et Action sont savoureux, la musique et la mise en scène sentent bon les nineties, l’antagoniste est bien pourri comme sa mère, le protagoniste évolue considérablement, il y a plein de bons sentiments, des personnages attachants, du suspense, des fous rires, plein de tendresse, et des rebondissements. Ca a beau être prévisible, ça reste culte, ça respire bon la nostalgie de l’enfance.