Une décennie après Elvira Madigan et Adalen 51, Bo Widerberg faisait un détour sur un sentier très prisé mais loin de ses univers : le polar. Mannen pâ taket (aka Un flic sur le toit) est tiré de L'abominable homme de Saffle, septième roman de la série sur l'inspecteur Martin Beck. Ce personnage est l'objet d'abondantes adaptations pour la télévision et le cinéma chez les suédois, pour lesquels c'est l'équivalent d'un Maigret.
Le film peut également rappeler les heures tièdes des feuilletons à enquêtes d'Europe continentale et notamment d'Allemagne, qui gagneront l'étranger dans les deux décennies suivantes (Derrick et Rex étant les porte-étendards, ou les plus fortes caricatures). Un flic sur le toit est plus riche que ces divertissements neurasthéniques. Il montre les policiers dans leur quotidien, y compris hors-service avec l'impact du métier sur les familles, l'appréciation par l'entourage ou les civils. L'exercice est assez proche de celui produit par Tavernier via L.627 (en 1992), avec davantage d'accent sur la routine, sur la longueur explicite et les banalités à gérer.
Malgré le meurtre sanguinolent en ouverture, le programme est donc réaliste, tributaire de sensations froides et modestes. Il saura décoller, la deuxième heure étant centrée sur la traque et le pétage de plomb du sniper fou (autrement désespéré que celui d'Un tueur dans la foule, qui souhaitait mettre l'accent sur le retentissement collectif). Avec cet opus la mise en scène de Widerberg perd en afféteries mais le style reste identifiable, avec l'horizontalité voulue et entendue par l'auteur, tout en se mettant dans la lignée de French Connection. Ce film est également connu pour avoir donné à Carl-Gustaf Lindsted son premier rôle significatif hors de la comédie, à l'instar de Tchao Pantin pour Coluche.
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