Ayant remporté l’oscar du meilleur film et celui du meilleur réalisateur lors de la 74e cérémonie des Oscars, Un homme d’exception est une production particulière, dans laquelle on traite la maladie de la schizophrénie paranoïde sans la moindre négligence, à travers le parcours acharné d’un grand mathématicien qui en souffre et se perd sans arrêt entre la réalité et l’imagination. Comme je n’y connais en rien sur l’histoire du scientifique John Forbes Nash Jr, je ne pourrais pas dire si l’adaptation est conforme à la vie passée du scientifique. J’imagine que certaines choses ont été ajoutées pour rendre le scénario plus sensible, plus intéressant et plus intrigant que l’histoire d’origine dans le but de réaliser une production traitant une maladie et ses effets néfastes avec de l’ambition de la part du réalisateur. Et la première chose qu’on peut dire de lui, c’est qu’en engageant un acteur aussi prodigieux que Russel Crowe, il avait toutes ses chances de créer et de faire progresser un personnage d’une grande profondeur et d’une personnalité exemplaire. Russel Crowe vient à peine de nous incroyablement surprendre suite à sa prestation extraordinaire dans la production culte Gladiator.
Une fois de plus, il est encore étonnant dans la peau d’un mathématicien perturbé par sa maladie lui pourrissant bien la vie, ainsi que celles de son entourage. Sa maladie est traduite d’une manière indéniable pendante toute la durée de la production. On n’est pas plongé dans une histoire où on observe un personnage souffrant le martyr, on est plongé dans une histoire où on ne sait pas si on est ou pas dans la réalité, surtout en présence d’un convaincant Ed Harris qui manipule aisément le mathématicien et d’une Jennifer Connelly incarnant la femme du scientifique à merveille, sans le moindre accroc et d’une délicatesse remarquable. Un trio de personnages bien suffisant pour m’inciter à voir la production jusqu’au bout, surtout que le réalisateur fait preuve d’une gestion bien maîtrisée entre la réalité et l’imagination, sans en faire trop. Les visions ne sont peut-être pas aussi problématiques que la souffrance physique mais on voit bien que la schizophrénie est une maladie aussi alarmante que la plupart des maladies. Une souffrance qui fait peur dès les premières scènes mais qui malheureusement, perd en efficacité lors des prochaines scènes pour nous surprendre.
Dès qu’on ait connaissance des personnages sortant de l’imagination du mathématicien, il est évident qu’on sache si nous sommes dans la réalité ou pas pendant la suite de la production. Cependant ! Ce défaut est largement compensé par une puissance émotionnelle quasi-présente pendant toute la durée du long-métrage et d’une mise en scène prouvant que le film était dirigé par un cinéaste qui maîtrisait bien son sujet. Comme dans tout biopic, la reconstruction environnementale des années 50 et de la célèbre Massachusetts Institute of Technology a été soignée, on peut être submergé dans des scènes qui nous intriguent comme celle du décryptage de messages secrets, dans une grande base d’une agence américaine. Mise à part quelques moments moins attirants que d’autres, on se laisse facilement entraîner dans une histoire qui prends de l’ampleur pendant le visionnage, jusqu’à une fin assez habituelle à ce genre de contexte, la récompense et le fait qu’on puisse vivre avec une telle maladie et les pénibilités qui vont avec. Pas un chef d’œuvre mais un film d’une grande valeur morale. 8/10
John ! Il faut reprendre le travail !