Résumé sans spoil et généralisant: "« Les médias ont contribué à rendre **** ******* célèbre avant de le rendre populaire ». ... les journalistes en général, et le système médiatique, en particulier, ont fabriqué **** *******, créature échappant désormais au créateur, donc au système médiatique."
Le film est une sorte de Joker où le comédien de stand-up méconnu serait un guitariste country tout aussi rieur fou, à tête de Biff Tannen, nommé ici Larry "Lonesome" Rhodes.
Je l'ai enfin vu, une fois encore grâce à TCM. Il est distrayant, captivant et un film en soi, mais il est aussi tant extrêmement visionnaire qu'il devient ce que les anglais appellent un "template" à dictateur/démagogue/populiste: tant on reconnait des politiciens et mécanismes dans la reste de notre vraie Histoire.
C'est un vrai film mais aussi "un gabarit"/un patron applicable à tous les populistes gurus manipulateurs; instrument aux mains de lobbys puis échappant à leur créateur.
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L'artiste fanfaron populaire m'a rappelé Ronald Reagan dont les discours prévoyaient quand sourire et bien "monter les joues", comme le dit Rhodes lors d'une épatante scène de conseil en communication.
Cette scène où il conseille et remodèle un homme politique maladroit à la télévision me rappelle alors des personnages de notre histoire comme Jacques Pilhan ou Jacques Seguela, conseillers en communication politique. Il conseille au politicien "d'avoir un chien", cette "image vaudra des milliers de discours" ...le politicien sans charisme à la Balladur doit apprendre à aimer et utiliser des sobriquets et surnoms comme au moins Georges Bush, Donald Trump, Benjamin Griveaux, Macron sont réputés rapidement utiliser avec leur interlocuteur.
Le guru conseille de toujours sourire car les lèvres sérieuses font "sissy"("mauviette"/femmelette).
De parler et s'habiller simple: Walter Matthau parlera de"Demagogue in Denim/Blue jeans".
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L'amour des surnoms moqueurs ou pseudo-amicaux rappelle Donald Trump.
Le personnage crie aussi au moins trois fois son "tu es viré", la phrase clé de l'émission de télé ayant rendu populaire Trump.
D'ailleurs les différentes émissions d'opinion et Talk Show de ce Rhodes, d'abord à la radio puis à la télé, et surtout la dernière, titrée "the Lonesome Rhodes Cracker Barrel show"(/LR et son tonneau à idées), rappellent toutes ces émissions sur le "LE BON SENS PRES DE CHEZ VOUS"...avec des culs assis sur des chaises: "Je veux parler face à face avec mes amis" dit il à la caméra dans ma scène favorite où sa grosse tête partage le plan avec la caméra et son objectif, de profil.
Son émission et ses têtes en gros plans, rappellent l'émission qui a rendu célèbre et populaire Trump mais rappellent surtout entre autres Les Grandes Gueules, «Face à Baba», même mon Téléphone Sonne et surtout Prenez la parole sur Sud Radio.
Les plans sur les visages des sbires et moutons de Rhodes, ses Béni-oui-oui, dont il doit réveiller un qui s'est endormi pour qu'il crie son accord avec son maître, m'ont rappelé les caricatures de Leonard de Vinci et ses grotesques figures du lumpen prolétariat.
Celui qui se réveille et crie "c'est une bonne idée chef! c'est bien dit ça" alors qu'il a rien entendu et roupillé comme un loir, me rappelle un épisode des South Park où les "deplorables", crie aussi soudain "They Took Our Job"...épisode sur les immigrés Américains venant en ...Amérique mais de son futur , donc , encore et quand même des étrangers qui viennent leur "piquer leur boulot": "THEY TOOK OUR JOB" (épisode et visages de 2004, Gooback, qui rappellent ceux de ce film de 1957).
Les "Fueller's Fighters"(les soldats du député Fueller que mobilisent Rhodes) me rappellent entre autres les Proud Boys et autres groupes que mobilisent notamment Trump.
Rhodes obtient un gratte-ciel portant son nom, rappelant la Trump Tower avant l'heure.
Il obtient une montagne baptisée à son nom, rappelant Ubu Roi et ses désirs de collines et rivières dessinant son profil.
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Visionnaire au point que les auteurs, Budd Schulberg et Elia Kazan, m'ont fait penser au personnage et ses visions du film Dead Zone de Stephen King et David Cronenberg.
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Andy Griffith a des airs et expressions du papa de Sheldon Cooper, Lance Barber.
Et de Biff Tannen dans les Retour vers le futur.
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Le casting sur TCM et Orange Télé citait en premier Lee Remick avant Patricia Neal ( peut-être car les hommes préfèrent les blondes?...). Remick joue la jeune fanzouze quasi ado du Cyril Hanouna, alors que l'actrice jouant la découvreuse du talent a un plus grand rôle; exaltée aussi mais si déçue. Patricia Neal est même bien meilleure et a un rôle clé bien plus important 'mais' (sic) elle est brune, donc cité par TCM et Orange après Lee Remick.
Excellente Patricia Neal que je découvrais. Patricia Neal a tout à jouer: son personnage se transforme du point de vue psychologique mais aussi physique...ses hauts et bas sont abyssaux.
Patricia Neal commence comme naïve quasi woke, demiurge ravie de sa découverte de talent, dans un mélange de Catherine Mouchet en Thérèse et de ma Sonia Kronlund, dont elle partage d'ailleurs le même type d'émission radio, une sorte de Strip Tease sonore; on ajouterait une casquette et son regard sur sa créature rappellerait même Ed Harris dans The Truman Show (d'ailleurs elle a un petit chapeau dans la voiture quand elle lui fait comprendre qu'il a du pouvoir lors de l'alors amusante scène des chiens apportés au candidat à la mairie pour le décrédibiliser, le railler, le moquer)...
...et elle finit quasi avec le physique de celle qui devient foldingue dans 'Le Narcisse noir', Kathleen Byron.
Après la transformation de sa créature en monstre, Patricia Neal crie au moins deux fois et le regarde parfois comme la femme criant dans La Mouche de 1958. Film dont la phrase d'accroche de l'affiche était justement "Once it was human...even as you and I"/Avant, il était humain, comme vous et moi.
Patricia Neal est une démiurge, une pygmalion dont la créature lui échappe: son Gollum devient un Godzilla Politique qu'elle avait fait commencer sur une sorte de France Bleue et va quasi finir Ministre de l'Intérieur.
D'ailleurs la façon dont il commence dans une petite matinale de radio et finit quasiment au gouvernement, étape par étape, en sautant/pantouflant d'un petit mentor/sponsor à un autre plus gros mentor/sponsor, de plus en plus riche et puissant les uns et autres, pour finir sponsorisé par l'industrie pharmaceutique, puis par un Général du Complexe militaro industriel...
ce parasitage successif et symbiose m'a fait penser à La mutante ou même The thing.
Car il saute d'un hôte à un autre, qu'il finit aussi par phagocyter puis absorber et larguer comme une vielle peau...dans une sort de mue quasi reptilienne/godzillienne.
Le pathétique Magnat de la pharmacie à la Servier en France ou La famille Sackler aux Etats Unis,
qui le considère même comme "un fils adoptif", rappelle le scandale de la crise des opioïdes.
Opioïdes utilisé par son employé manager qui en meurt dans le studio de télé, gavé des pilules magiques bidons et tué par l'anxiété d'être viré.
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La mémorable scène finale me rappelle celle d'Al Pacino dans Scarface, en haut sur son balcon, Rhodes mitraille de vannes et discours, un public qu'il voit en rêve-éveillé psychotique, la notoriété comme cocaïne?
Son minion lui jouant des applaudissements et rires enregistrés est une idée et image démente qui me resteront ( rappelant par exemple les sbires qui mentent à leur boss sur le nombre de personnes présentes à une réunion publique).
Ce docile minion à Gru est joué par un excellent Rod Brasfield/"Beanie", mon double, mon frère...le symbole du nivellement par le bas: Rhodes l'utilise et le présente comme étalon pour "l'aider à juger si une idée et opinion sera compréhensible par l'homme ordinaire", sauf qu'il a choisi un abruti...
L'idiocracy fait-homme, l'icône de l'homme à distraire.
"...le grand public n'est pas exigeant..." (Tanguy Pastureau)