David Frankel est sans doute le cinéaste de divertissement hollywoodien qui m'étonne le plus aujourd'hui (et je dis cela à chaque film). A chaque fois ses sujets font peur, laissant pressentir sirupeux et décérébré, mais à chaque fois il tape juste, offre des films avec des personnages magnifiques, un humanité omniprésente, beaucoup d'humour, et un sens du rythme et de la mise en scène d'une élégance folle. C'est une fois de plus le cas avec One Chance, exploité en France cette année en e-cinéma - quelle connerie - sous le nom de Un Incroyable Talent que je préfère ne pas commenter. On y suit, un peu à la manière d'un Billy Elliott, la vie d'un gamin voulant à tout prix devenir chanteur d'opéra, et y parvenant in fine lors d'un concours qui va accélérer son accession à ses désirs. C'est toujours juste, bien vu, drôle et attachant. Frankel se consacre surtout aux premières années, à la formation du jeune homme (une très longue scène à Venise dans une école de chant) et ne s'attarde pas du tout sur le concours - on voit clairement que ça ne l'intéresse pas, alors que n'importe quel autre yes man hollywoodien en aurait fait ses choux gras. Il parvient magnifiquement à transformer l'émotion sale et coupable que le public peut ressentir en regardant ce type de radio-crochet, en la transformant en une émotion simple qui découle de son traitement cinématographique et non plus d'une démarche marketing et publicitaire. Une réussite de plus, donc, dans un parcours sans faute.