Un Eastwood sous le signe de l'émotion

Un Monde Parfait figure, comme d'autres, parmi les films qui ont marqué mon enfance. Et il me semble justement que cela faisait bien trop longtemps que je ne m'étais plus penché sur cette histoire qui m'avait touché quand j'étais gamin, ne pouvant oublier le final tragique de l'oeuvre et l'une ou l'autre séquence marquante avec le second évadé au début. Le reste était parti aux oubliettes de ma mémoire.

Je ne suis pas déçu d'avoir revu ce film qui nous plonge dans l'Amérique des années 60, à quelques jours de l'assassinat de Kennedy, dans une ville du Texas. Un choix qui pourrait paraître totalement surprenant, mais qui n'est finalement pas si anodin que cela. Deux hommes s'évadent, l'un représentant un véritable danger public tandis que l'autre, interprété par Kevin Costner, est surtout un voleur au parcours malchanceux plutôt qu'un réel dur.

Costner n'est pas un énorme acteur mais joue toujours avec du coeur. Ce film le confirme encore. Dans ce rôle, il joue un père de substitution, par défaut, pour un gamin perdu au milieu d'un monde de femmes, sans père, sans repères à ce niveau. Une véritable amitié, un amour comme un père pourrait en avoir pour son fils va naître entre les deux personnages. Dans cette course-poursuite dont on se doute qu'elle ne peut que mal se terminer, les brutes ne sont pas toujours ceux que l'on croit.

Clint Eastwood s'efface quelque peu dans ce film en tant qu'acteur, se contentant d'un second rôle, aidé par une Laura Dern dont on aurait aimé voir le rôle plus étoffé pour le coup au même titre que Clint finalement. Les apparitions des deux personnages qui auraient pu aider Robert sont trop maigres pour apporter une certaine envergure au film. A moins qu'envers et contre tout, ils n'auraient pas pu aider le personnage de Robert, alias Butch.

Car le coup fatal viendra du FBI, dont le personnage est un véritable incompétent féru de la gâchette et dont le boulot est tout simplement à côté de la plaque. Peut-on y voir de la part de Eastwood, en plaçant justement son film dans le contexte de l'assassinat de Kennedy, comme une volonté de critiquer l'organisme qu'est le FBI et son incompétence à empêcher le meurtre d'un président quand un de ses agents tue sans raison apparente un homme ?

Sur ce point en tout cas, Eastwood rajoute du fond à un film qui ne manquait pas de moments touchants, d'émotion et d'une alchimie entre Costner et son jeune partenaire qu'est T.J. Lowther.