Un Peckinpah brillant et apaisé en forme de conte philosophique avec la fin du Far-West en toile de fonds. Si l'obsession de la lâcheté (une constante chez ce réalisateur) encadre le film, le personnage de Jason Robards (qui semble véritablement habité par son rôle) incarne une marginalité quasi-voltairienne (où tout est permis pourvu que l'on empiète pas sur la liberté des autres) dont l'aspect subversif est terriblement réjouissant. A ce propos, on aurait grand tort de reléguer au second plan le rôle de la prostituée locale interprétée de façon, oh combien fabuleuse, par la sémillante Stella Stevens, elle est l'alter ego de Robards et incarne une personne libérée, qui gère son activité (et son plan de carrière) en toute simplicité et sans arrière-pensées moralisatrices. Le ton du film est inhabituel, on est jamais loin de la comédie, mais ce n'en est pas une, l'érotisme y occupe un bonne place, mais ne noie pas le film, quand à la violence, elle n'est là que quand il le faut (rare chez Peckinpah), bref un dosage absolument parfait dans lequel l'auteur a pris soin d'y incorporer une charge anticléricale aussi féroce qu'efficace. Et puis les paysages, la mise en scène... Un chef d'œuvre.