"Ceci est indigne, ceci est odieux, ceci est infâme"... ou pas.

Marquant une nouvelle tentative à la fantasy pour les studios Disney après avoir distribué Le Bon Gros Géant de Steven Spielberg en 2016, c’est lors de la D23 l’année dernière qu’a été dévoilé la première bande-annonce de l’adaptation du roman de Madeleine L’Engle qui n’a pas tardé à recevoir de multiple reproche de la part des fans du roman quant aux choix d’adaptation visuelle du bouquin alors qu’on en était qu’aux BA (notamment pour pas mal de sous-entendus religieux présent dans le livre et non dans le film selon les retours actuels, or je tiens à dire que si un film ne devait reposer que sur la religion et ce qu’il en fait, on s’en sortirait pas et je ne pense pas qu’on cite la compagnie aux grandes oreilles pour ce rapport).


Et comme quasiment la grosse majorité des films originaux Disney récent qui se respecte, la promo marketing n’a pas aidé à vendre ce film car restant toujours très indécis quant au ton global du film. Est-ce que ça serait plus axé comédie ou est-ce que ça allait opter pour un film d’aventure à l’ancienne ? Rien n’était sur, surtout qu’au final c’est justement le premier problème de ce film : c’est sa difficulté à opter pour un ton décis sur le long terme et à allier à la fois film familial avec ses légères touche d’humour et film d’aventure aux allures plus sérieuse.


Ava DuVernay part avec des intentions louables et sans nocivité pour le spectateur et souhaite livrer une aventure enrichissante et coloré à travers la quête de Meg, jeune fille refermée sur elle-même suite à la disparition de son père au point d’avoir une très faible estime de sa propre personne et donc de vivre un complexe. Sauf que son exposition ainsi que les dialogues qui en découlent démontrent les principaux problèmes d’Un Raccourci dans le temps : ça n’est jamais exécuté avec finesse et les échanges verbales sont aussi bancals que plat ou même niais dés lors que la disparition d’Alex Murry (son père) ou les capacités supposées de Meg sont évoquées. Et le contrepoids que tente d’apporter son frère Charles Wallace en terme d’humour n’est pas des plus inspirés, souvent dû à cette rupture de ton involontaire malgré quelques bonnes piques ici et là (la première rencontre avec madame Qui et sa manie des citations de phrases de personnalité importante qui prête à sourire).


Je ne sais pas si Jennifer Lee avait déjà scénarisé en dehors du domaine de l’animation au sein de Disney, mais de ce que je vois là, la transition ne passe pas très bien. Ayant du mal à donner suffisamment de matière au trio d’enfant (Meg encore c’est passable, mais Calvin par contre est terriblement transparent) et donc à faire passer l’émotion dans les moments qui prennent le temps de se poser et ou leur chimie devait normalement permettre de s’attacher à ces instants.


La seule scène ou un fil émotionnel s’est tissé pour ma part ce fut pendant les retrouvailles entre Meg et son père Alexander Murry, le script prenait son temps et il y avait suffisamment d’identification pour ressentir un petit quelque chose.


Tout l’inverse de


la tentative de Meg de raisonner Charles Wallace quand il est possédé par le Ça (ou The It dans la version originale), ayant trop peu d’attache avec celui-ci et leur relation n’étant jamais suffisamment développé pour créer un impact émotionnel chez le spectateur. Déjà qu’il n’a pas les meilleurs dialogues du monde.


Ceci étant dit il y a un point sur lequel le film se rattrape, c’est dans son ambition visuelle et ses intentions de départ. Techniquement parlant c’est pas mal filmé, et si il y a des effets visuels plus voyant dans le dernier tiers (surtout la dernière partie face à le Ça… non ce n’est pas Grippe-Sou le clown maléfique du roman de Stephen King, mais ça aurait été fun), l’aspect coloré apporté par les premiers mondes donnent un peu de fraîcheur au voyage de notre trio de héros et des trois êtres surnaturels qui les accompagnent et divertissent déjà plus que nos héros (comme Quiproquo jouée par Reese Witherspoon).


A titre d’exemple, toute la partie dans le monde d’Uriel est une réussite : le visuel coloré et l’accompagnement sonore de Ramin Djawadi s’accouplent très bien, les CGI sont bien travaillés avec certaines idées visuelles imaginatives qui restent en tête (dont madame Quiproquo qui se transforme en femme/oiseau/feuille de chou volant, oui çà existe) et le ton familial et aventureux fonctionnent bien mieux qu’avec le reste du film. Ou même les tentatives d’apporter de l’étrangeté dans le récit comme la vision d’une banlieue américaine tranquille avec ces enfants faisant rebondir à l’unisson un ballon de basket jusqu’à devenir une gêne sonore stridente et pesante.


D’autant que rien de mal ne veut ressortir de cette adaptation, si ce n’est celle de montrer un enfant perdu prendre conscience de sa véritable valeur en tant qu’être humain ou que futur inventeur prêt à contribuer à l’avancée des hommes (bien que la fin de film appuie trop ses bons sentiments et son message).


On pourra me dire que je qualifie (probablement à juste titre) cette adaptation de plaisir coupable au vu des retours mitigés aux USA et de la manière avec laquelle on crache déjà dessus en France au moment ou je poste ceci. Mais c’est comme pour Into The Wood, ce serait bien de se calmer un peu. Je juge personnellement qu’on se fait davantage voler son fric devant une merde comme le remake de La Belle et la Bête de Bill Condon que devant ça : Un Raccourci dans le temps a au moins le mérite de proposer des choses sur le plan visuel et de tenter de proposer un film familial en étant bien intentionné dans ce qu’il veut enseigner. Surement pas adroit, ni même vraiment bon je pense, mais rien qui me paraisse détestable.

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