Une bonne surprise.
Pas grand chose à reprocher à "Un Safari pour Noël".
Il faut simplement savoir apprécier quelque chose qui se fait peu dans le monde du cinéma, l'absence de drama à tout va en mode roller coaster - ce qui est pourtant la recette traditionnelle de la plupart des comédies romantiques et films de romances des années 90/2000.
On ne regarde pas ce safari de la même façon qu'on visionnait un Coup de Foudre à Nothing Hill ou je ne sais quelle référence du genre.
Et... c'est très bien comme ça.
Le long-métrage d'Ernie Barbarashun revendique un côté plus linéaire, le rendant certes moins euphorique, moins "grand huit", mais, en contre-partie, plus fluide, plus léger et finalement plus digeste.
Le drama et les vibrations en dents de scie habituellement attendues dans ce type de productions (avec la dualité "amour" / haine, le "fuis-moi je te suis", "je t'embrasse mais je te déteste", "je t'aime mais je me venge car tu m'as fait du mal" etc.) sont ici très peu présents, le film préférant offrir une atmosphère nettement plus sage et plus positive.
Ce dernier ne cautionne pas la complaisance dans des choses telles que la rancoeur, la colère, la haine, l'envie de se venger, utiliser ses propres échecs pour ne pas avancer et vivre sans se réaliser...
"Un Safari pour Noël" transmet plutôt l'inverse, proposant des messages inspirants, positifs, signe de mâturité et d'abnégation de son égo.
Promotion de la découverte de soi, du lâcher prise et de l'absence de haine envers son passé et les êtres qui ne nous comprennent pas ou nous ont fait du mal. Se retrouver avec soi-même pour avancer et mieux pardonner, vivre ses rêves même s'ils semblent éloignés des schémas plus rassurants et traditionnels, la patience dans les relations amoureuses, le droit à l'erreur, la cause animale...
Il n'y a qu'un point qui me semble en décalage avec tout le positif et la "good vibe" de ce film.
Derek, le pilote, est manifestement présenté comme souffrant d'alcoolisme.
Il a toujours sa fiole de whisky à la main ou presque. On ne peut qu'imaginer que son envie d'aller de l'avant et de soigner ses blessures internes serait accompagnée par la décision de devenir sobre.
Malheureusement, cela ne nous ait pas proposé et restera de l'ordre de l'imaginaire.
En ressort donc un aspect déplaisant, un message implicite selon lequel être alcoolique ce n'est pas si grave et ça n'empêche pas de (re) trouver le bonheur.
Je salue en revanche le fait que le côté homme à femme du personnage soit suggéré comme une attitude de compensation visant à combler une solitude intérieure, elle-même manifestation de problèmes personnels non-résolus.
Dommage que le scénario n'est pas inclus l'addiction à l'alcool dans cette dynamique Toutefois, le film a le mérite de présenter la facette "mâle alpha" de Derek (notable surtout au début, dans le restaurant) comme incarnant une sorte de bouclier utilisé par le protagoniste pour se protéger de sa souffrance.
Bien vu.
J'apprécie toujours ce genre de pédagogie, surtout à l'heure où le cinéma, bien qu'ayant abandonné la cigarette comme symbole de la virilité, continue de laisser croire aux spectateurs (les jeunes notamment) que, pour être heureux, il faut être conforme aux codes mainstream virilistes en vigueur (épaules carrées, gros bras, gros cou, grosse mâchoire et homme à femme... Et de préférence américain.).
Néanmoins, sans sombrer dans le drama, je trouve que "Un Safari pour Noël" aurait vraiment gagné à approfondir un peu plus le travail de déconstruction psychologique qu'il avait entamé.
Alors que l'épanouissement de Kate est vraiment mis en avant, il demeure une zone grise autour de Derek, qui aurait pu incarner quelque chose de plus porteur pour le jeune public masculin.
Néanmoins, ce film sorti en 2019 reste une agréable surprise, se hissant largement au-dessus des programmes souvent appauvrissants et toxiques.
Un Safari pour Noël est suffisamment éloigné de la recette et des standarts habituels pour permettre, à mon avis, de passer une bonne soirée en famille.