En tant qu’aînée d’une fratrie iranienne, Niloofar (Sahar Dowlatshahi) a toujours été chargée de s’occuper des autres. Alors que ses frères et sœurs ont fondé leur propre famille, elle vit toujours avec sa mère. Lorsque les médecins préconisent le déménagement de la vieille dame dans une ville moins polluée que Téhéran, il semble évident à tout le monde que Niloofar va quitter elle aussi la capitale pour veiller sur l’ancêtre. Mais pour la première fois de sa vie, la jeune femme ose revendiquer la liberté de décider elle-même de son sort.
On ne compte plus les films mettant en scène l’émancipation d’une femme orientale. Malgré cela, *Un vent de liberté* conserve tout son intérêt par la finesse de son portrait. Behnam Behzadi prend en effet le temps de montrer toutes les micro-victoires mais aussi toutes les rechutes par lesquelles passe l’héroïne dans sa croisade personnelle contre la soumission. Il donne ainsi à voir non pas une sorte d’amazone au tempérament exceptionnel, mais une femme ordinaire, élevée selon des valeurs traditionnelles qu’elle ne rejette pas totalement, et chez laquelle s’affrontent des aspirations contraires qu’il est impossible d’opposer de façon manichéenne. D’autre part, à travers la relation de Niloofar à sa nièce, le réalisateur iranien montre aussi que les flammèches de résistance que la première allume serviront à alimenter le feu sacré de la liberté chez la seconde, dont l’émancipation sera alors facilitée. Dans le difficile combat contre lui-même que l’individu doit mener pour sortir du rôle dans lequel la société l’a toujours enfermé, peu importe de faire un pas en arrière, semble ainsi nous dire Behnam Behzadi, si c’est pour mieux ensuite en faire deux en avant.