Un vrai ami
4.7
Un vrai ami

Téléfilm de Enrique Urbizu (2006)

Même le traducteur du titre n'a rien pigé et s'en bat les c*uilles ...

Nouvelle plongée dans l’épouvante à l’espagnole, et malheureusement premier faux pas pour la saga Películas para no dormir, la (seulement) troisième réalisation de Enrique Urbizu nous propose un retour au registre premier degré, montrant au préalable une intention non dénuée d’intérêt mais qui se révélera être tout à fait maladroite et passablement criarde pour arriver à un constat assez terrible. Le principal problème de ce segment c’est qu’il cherche à se compliquer la vie tout seul comme un grand pour au final pas grand chose, en fait on comprend assez vite que le film sera raté, malgré quelques petits sursauts qui par la suite sauveront tout de même les apparences, je n’ai même pas envie de dire que c’est dommage.


Estrella, un petite fille de 10 ans vit seule avec sa mère après avoir perdu son père, se nourrissant de films et bouquins d’horreur elle finit par voir des monstres en chair et en os l'accompagner dans son quotidien, un jour elle fait la connaissance d’un vampire, lui même poursuivi par un homme voulant le tuer.
Je ne pourrais en dire plus niveau synopsis tellement ce film manque cruellement d’enjeux en fait, tout repose sur la gamine, son intériorisation et la relation qu’elle entretien avec sa mère, on comprend que cette dernière garde des secrets concernant son père disparu, elle passe pour une Marie-couche-toi-là, l’apparition du vampire n’est qu’une sorte de prétexte pour justifier une fausse piste ultra voyante, tout sera révélé lors de la séquence du repas mais on la voit arriver à des kilomètres, ce qui fait que la puissance du climax ne fonctionne absolument pas, tout reste d’une platitude assez déconcertante.


Si il y a un bon point à mettre en évidence c’est l’ambiance, encore heureux j’ai envie de dire, la bande son étouffée joue admirablement bien son rôle pour nous tenir un minimum en haleine et certains cadres clair-obscurs et/ou gothiques sont franchement bien étudiés, je n’ai pas non plus envie de mettre les acteurs dans le sac des défauts, leurs prestations restent acceptables … Mais au service d’un scénario qui traine la patte avec insistance tout du long, ce qui fait qu’à un moment donné le film est simplement pénible à assimiler, parce que l’univers est volontairement décousu et semble vouloir nous perdre absolument, mais quand on a ce genre de prétention il faut assurer dans tous les domaines, je parlais de l’ambiance, elle a beau être bonne je pense qu’à ce niveau là ça ne suffit pas, Urbizu manque beaucoup trop de talent pour nous faire partager ce genre d’histoire dans les meilleures conditions, la maitrise ne s’invente pas, il faut avoir des références, lui ne se contente que de faire quelques clins d’oeil au cinéma de genre. Par exemple l’image qu’il se fait du vampire est bizarrement faiblarde, car si on se plonge dans l’imaginaire d’une fille de 10 ans elle devrait avoir une vision plus fantasmé rien que par les livres ou films qu’elle bouffe, et l’apparition de Leatherface je n’ai pas trop compris le projet sauf si c’était pour mettre en évidence encore une fois l’abstraction de Estrella envers la réalité et les relations humaines et qu’il puisse être en quelque sorte un prolongement d’elle même lorsqu’il chasse le vampire de l’appartement, enfin le récit s’éparpille tellement dans des détails bateaux qu’il lâche complètement l’intérêt premier, enfin si il y a vraiment un intérêt …


Car la fin apparait un peu comme un foutage de gueule vraiment easy, le genre qui remet en cause toute l’histoire mais sans véritablement être un twist à proprement parlé, il suppose l’idée d’être tout simplement une mise en abîme et une remise à zéro via l’écran de télévision, mais si on réfléchit bien ça n’a pas de sens, enfin à mes yeux; Quel est le point central ? Quel est le but de la manœuvre ? On a limite l’impression d’avoir perdu notre temps à essayer de comprendre un film parsemé de symboliques posées ici et là pour nous aiguiller vers je ne sais où mais qui en fait n’amène qu’à un constat bien amer par rapport à tout le foutoir mis en place : les relations familiales. Mais déjà je dirais que non, enfin bon sang qui est la pièce maitresse de ce pseudo échiquier ? Estrella ou sa mère ? L’une ou l’autre ça ne fonctionne pas, la première ne pourrait imaginer des détails aussi sordides sur la sexualité de sa mère et la seconde semble dans l’impossibilité de raisonner avec un tel imaginaire enfantin, à moins que ça ne soit ni l’une ni l’autre, dans tous les cas c’est complètement foiré. Et puis les rôles de ce pseudo Van Helsing des temps modernes et de l'instit ne trouvent pas de véritable importance dans le récit, que font-ils là au juste si ce n'est pour faire avancer ce schmilblick carotteur ? Tant de questions sans réponses c’est énervant, cette fin est vraiment d’une pourriture assez incroyable quand même ! En fait je m’amuse à croire que le réalisateur ne savait même plus où il allait dans son histoire et a balancé ça en espérant que les spectateurs tomberaient dans le panneau de la bizarrerie ou qu’ils s’étouffent avec leur dernier pop-corn. Moi je ne cherche même plus, et puis je n’ai aucune envie de le revoir avec le risque de me conforter dans l’idée que c’est une fumisterie scénaristique.


Avec un tel projet je pense qu’il n’y a qu’un David Lynch (désolé de toujours en revenir à lui mais bon …) qui pourrait en sortir quelque chose, lui arriverait à mon avis à instaurer une toute autre ambiance, une qui nous ferait disjoncter et qui nous fascinerait tout du long sans qu’on cherche forcément à se poser des questions, il suffit de comparer ce film avec Inland Empire qui a certaines petites similitudes, c’est pas la même limonade. Enrique Urbizu paye en quelque sorte lui même son excès de prétention et son propre manque de maitrise, nous en tant que spectateur on en sort inexorablement désabusé.


PS : Le titre espagnol est "Adivina quién soy" qui veut dire "Devinez qui je suis".

JimBo_Lebowski
3
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le 31 mars 2015

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JimBo Lebowski

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