Le documentaire se concentre sur la personne de Guy Ribes, un faussaire qui a imité le style de grands peintres comme Picasso, Chagall ou Dufy, entre autres. Son talent lui a permit de faire passer des centaines de contrefaçons pour des originaux et de gagner des millions de francs. Il a été condamné en 2010 à trois ans de prison.
Le film présente Guy Ribes qui nous raconte sa vie de faussaire. Sa mère était médium et son père tenancier d’un bordel et d’un cinéma. Il a apprit la peinture dans un atelier de dessinateurs où il travaillait comme assistant quand il était adolescent. Il a été convoyeur et cambrioleur avant d’entreprendre sa carrière de faussaire.
Le documentaire nous montre un homme bourru, presque blasé, satisfait de lui-même, mais mélancolique. Persuadé qu’il a mérité chaque centime qu’il a gagné illégalement, il admet tout de même vers la fin du film que son « métier, c’est de vous voler ».
Le réalisateur alterne entre des images du faussaire et des interviews d’experts, policiers et collectionneurs qui ont eu à faire à lui. Tous le décrivent comme un bandit, mais ne manquent pas de louer son talent hors pair pour s’approprier le style des maitres. En effet, Guy Ribes ne fait pas que copier des tableaux existants : il crée de nouvelles toiles en y apposant le style et la signature des grands peintres. Il dispose de plusieurs techniques pour duper les experts comme par exemple laisser « moisir » une contrefaçon parmi d’anciennes toiles pendant plusieurs mois, pour qu’elle s’imprègne de leur poussière.
Ribes nous dévoile que de nombreux acteurs du marché de l’art étaient au courant de son entreprise de faussaire et participaient même à ses magouilles en vendant ses toiles. Pendant tout le film, il vide son sac et avoue tous les délits auxquels il s’est livré ainsi que le nom de ses complices, petits bandits ou grands commissaire priseurs. Seuls quelques noms sont censurés par des coupures de son. Il est étonnant de voir à quel point Guy Ribes, qui semble ne plus rien avoir à perdre, passe aux aveux d’une manière extrêmement honnête et désabusée.
J’ai aimé ce documentaire qui nous permet de s’attacher à cet homme malgré sa rudesse et son manque d’empathie.
Le format n’est pas très cinématographique, mais plutôt télévisuel. Les images n’ont rien d’exceptionnelles et sont filmées dans un style très classique mais nous présente un personnage passionnant, qui vit selon sa propre loi. On voit aussi beaucoup d’images des peintures litigieuses et des mains de Guy Ribes en train de peindre.
Le style du documentaire est très simple et nous livre un portrait sans détour de cet homme et de son occupation illégale.
Je pense que ce documentaire pourrait plaire à toutes les générations, amatrices d’art ou non. Il trouve sa force dans l’authenticité de ses témoignages qui retracent sans détour l’évolution et les combines du faussaire. Nous sommes d’ailleurs très étonnés de voir sa peine limitée à trois ans de prison, dont deux avec sursis, compte tenu des millions de francs qu’il a volé en vendant des faux.